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L e journal du Médecin: La pandémie est récurrente en Belgique et en Europe. N'est-il pas contracyclique de maintenir un CST? N'allons-nous pas nous diriger vers la levée des restrictions dans toute l'Europe? Pedro Facon: Actuellement, on constate une nette amélioration des indicateurs clés de l'épidémie, y compris en Belgique. Cela permet de réduire les mesures restrictives, ainsi que "l'échelle" des défenses en termes de masques buccaux, de tests, etc. Cela s'applique également au certificat corona comme ligne de défense. Si nous nous retrouvons dans le code "jaune" du baromètre, le certificat n'est plus applicable. Cependant, je pense qu'il est important qu'il y ait un débat fondamental sur l'instrument: si, comme c'est possible selon les modèles, nous sommes confrontés à de graves résurgences ou vagues, voulons-nous encore utiliser un instrument tel que le certificat corona? Et si oui, dans quelles conditions? Selon quelles modalités, par exemple 1G/2G/3G? Pour quels secteurs? Les auditions parlementaires contribuent à ce débat fondamental. Une orientation politique est nécessaire pour assurer la préparation juridique, opérationnelle et technique de l'automne. Tous les experts à l'exception du président de l'Absym se sont positionnés contre l'obligation vaccinale de la population. Êtes-vous d'accord avec cette position? L'obligation de vacciner est-elle tellement moins pertinente que nous semblons sortir de la pandémie? Ne devrions-nous pas passer à la vaccination des personnes vulnérables et uniquement de ces personnes? J'ai été très clair dans le dossier que j'ai présenté au comité de consultation et au Parlement: pour l'instant, les conditions d'une vaccination obligatoire ne sont pas réunies. Il existe trop d'incertitudes quant à l'évolution de l'épidémie et au déroulement de la campagne de vaccination. Le débat qui a lieu également dans d'autres pays, par exemple sur le fait de concentrer la campagne de vaccination ou la vaccination obligatoire sur certains groupes cibles plus vulnérables, est légitime. Dans un tel contexte, décider maintenant d'une vaccination obligatoire est prématuré. Au moment où l'on parle, le CST est toujours pratiqué dans l'Horeca, la culture, les lieux publics. Cependant, les contrôles sont variables. Êtes-vous en faveur des sanctions? Il existe en effet des différences dans l'application du CST sur le terrain. Les services de contrôle du gouvernement en sont conscients, mais dans un cadre plus large, où l'on examine par exemple aussi le respect des mesures générales de prévention, les masques buccaux, les compteurs de CO2 et la qualité de l'air, etc. Ces dernières lignes de défense et leur supervision sont plus importantes pour moi que le CST. Comment peut-on juger de l'efficacité du CST alors que le vaccin n'empêche que faiblement la propagation du variant Omicron? Le seul port du masque ne serait-il pas suffisamment efficace ce qui permettrait aux non-vaccinés de reprendre une vie normale? Nous savons que la vaccination protège très bien contre les maladies graves, l'hospitalisation et le décès. La protection est moins forte et diminue davantage en ce qui concerne l'infection. Toutefois, le Conseil supérieur de la santé et des études scientifiques indiquent qu'il existe une protection partielle. Nous constatons également que les personnes de plus de 18 ans qui ont été vaccinées ont jusqu'à 2,5 fois moins de risques d'être infectées. Je répète toutefois que, pour moi, le certificat corona n'est pas un "deus ex machina": il a des limites et fait l'objet d'un vaste débat social. S'il n'y a pas de certificat corona, il est d'autant plus important d'intensifier les efforts sur d'autres fronts, comme la qualité de l'air. Qu'attendez-vous réellement du baromètre corona? Comment cela fonctionne-t-il en pratique? S'agit-il d'un instrument efficace? Le baromètre fait déjà son travail. La prise de décision politique, la consultation des secteurs et la communication avec la population se font de manière plus structurée. Ce n'est pas la panacée, mais c'est un outil qui nous aide à atteindre un processus de décision plus calme et plus prévisible. Pour l'instant, le baromètre nous aide dans l'élimination progressive et la sortie des quatrième et cinquième vagues. Il est possible que le baromètre doive être ajusté dans les variantes ultérieures, mais les éléments de base et la méthodologie sont désormais fixés. Le Dr Philippe Devos, ancien président de l'Absym, a souligné récemment que les hôpitaux semblent "exagérer" les statistiques de Covid-19 ne tenant pas assez compte des patients qui meurent "du" coronavirus vs "avec" le coronavirus. Des statistiques plus correctes du nombre de personnes réellement décédées du Covid-19 n'offriraient-elles pas une vue d'ensemble encore plus favorable à la levée des restrictions? Bien sûr, il y a une différence entre les personnes qui sont en soins intensifs ou qui meurent à cause de, ou avec, le Covid-19. Cela fait longtemps que je le souligne. Ainsi, en ce qui concerne la mortalité, nous ne mesurons pas seulement le nombre de décès avec Covid-19 (près de 30.000 personnes depuis le début de la crise), mais nous calculons également la surmortalité, c'est-à-dire le nombre de personnes qui sont décédées plus que ce qui serait attendu dans une situation normale. Ce dernier est un meilleur indicateur de l'impact réel du Covid-19 sur les taux de mortalité. Sciensano a calculé que la surmortalité en 2021 était nettement inférieure à celle de 2020. Plus de 111.000 décès ont été observés en 2021. Selon les estimations de Sciensano, il y a eu 5.192 décès supplémentaires dus au Covid-19 en 2021, soit 4,9% de plus que les 106.197 décès prévus. En 2020, la première année de la pandémie de Covid-19 le taux de surmortalité était passé à 17,5%.