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Le journal du Médecin : La SSMG est à l'origine de ce baromètre ou on est venu vous chercher ? Dr Thomas Orban : L'origine est néerlandophone, notamment la KU Leuven. Ils ont commencé à faire l'enregistrement de toute une série de points assez rapidement au début de la crise du Covid. L'objectif était de voir le travail des MG, le nombre de cas Covid qu'ils voyaient par jour. Toute une série de questions sur le matériel (lunettes, gants, etc.). Cela n'a pas eu tellement de succès car comme souvent en Flandre, ça a été lancé sans trop de concertation. Le Collège de médecine générale a soutenu mais on a vite constaté que, en dépit de questions vraiment intéressantes (combien avez-vous de coups de téléphone Covid etc.), on répondait invariablement aux mêmes questions sur le besoin d'équipements de protection... mais qui ne servaient à rien puisqu'il n'y avait pas d'équipements de protection disponibles ! C'était quelque peu débile et beaucoup de médecins ont renoncé rapidement à y répondre. Néanmoins, l'idée d'une veille épidémiologique de première ligne est restée. Ils ont bien sûr fait la promotion de leur projet en passant directement par l'Inami. " On veut des sous ". Le Fédéral a dit " oui à condition que ce soit bilingue ". Et il fallait que Sciensano soit impliqué. Donc Sciensano est venu nous voir et on a parlé de tous les aspects techniques. On vous demande un travail de médecins-vigies... C'est cela. Faire une veille épidémiologique de ce que les MG voient au niveau des infections respiratoires, Covid. C'est intelligent d'avoir un monitoring pas seulement des soins intensifs mais aussi de la première ligne. Le problème comme toujours en Belgique, c'est qu'on veut quelque chose sans mettre d'argent sur la table. Ils ont proposé au départ 1.000 euros par médecin pour la période pour six mois. " Chouette ! ", s'est-on dit. " Ils paient pour une fois un peu correctement ! " l'Inami a répondu que ce serait finalement une enveloppe fermée... J'ai répondu que c'était hallucinant de mettre en place une veille épidémiologique généraliste sans les moyens y afférents. Un projet ambitieux sans rien sur la table... Les médecins ne savent pas de quoi il retourne. C'est une mauvaise communication. On n'a pas de feedback. C'est un peu mystérieux. On ne nous donne pas toutes les infos. Finalement, il y aura un budget limité. Et donc je n'en ferai pas la promotion car je ne peux pas demander aux MG : " vous allez bosser tous les jours pour presque rien. " Car le système d'extraction automatique oblige à un travail de rigueur permanent, à chaque consultation pour trois sous et deux peanuts. Il faut arrêter de se moquer de la tête du monde. On est déjà assez débordé comme ça. Donc c'est un peu compromis, ce baromètre? On en a discuté en Collège (de médecine générale)... En tant que président de la SSMG, je le répète : je n'en ferai pas la promotion. Je ne peux pas cautionner ce type de fonctionnement ad vitam aeternam. Nous sommes devant des responsables politiques et administratifs qui pensent qu'on peut traire la vache ainsi pendant longtemps. Fournir à la Nation un travail rigoureux, efficace et de qualité... Ils n'ont qu'à le faire eux-mêmes. Pour autant, si ce problème financier était réglé... Alors ce serait bien. J'ai moi-même été médecin-vigie. Donc je sais que c'est un beau projet. C'est une veille extrêmement importante. L'hiver, quand on peut dire que c'est grâce aux médecins vigies qu'on a une vue claire des virus en circulation l'hiver dont le Covid, c'est très bien. Mais à un moment donné, les médecins vigies sont déjà tellement peu payés... Il faut être cohérent. Si vous voulez vous doter d'outils de monitoring, payez-les ! Il faut arrêter de demander le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Au niveau respect de la vie privée, vous aviez toutes les garanties ? Oui. Ce sont des extractions automatiques de statistiques anonymes.