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Violée à 21 ans après un concert, cataclysme qu'elle évoquait sur le EP " Me And My Gun " en 91, Tori Amos est une sorte de Niki de Saint-Phalle du pop-rock, sauf que le violeur n'avait rien de la figure paternelle. 29 years, l'une des chansons de ce nouvel album, revient sur ce traumatisme de manière enfin apaisée, mélodie que l'Américaine chante, comme souvent, telle une Kate Bush qui vocaliserait dans un sanglot retenu. Composé d'ailleurs en Grande-Bretagne, pardon au Pays de Galles, durant les confinements, l'album de cette bientôt soixantenaire, reprend en outre parfois cette intro piano, base caractéristique de certains albums de l'auteur de Wuthering Heights ( Addition To Light Divided), voire des rythmiques qui évoquent la fin des années 80: Flowers Burn To Gold se révèle très... Tanita Tikaram dans l'attaque et une magnifique balade au piano, évoquant le souvenir de sa mère décédée depuis son dernier album Native Invader en 2017. Le déchirant Speaking With Trees évoque encore cette figure maternelle... et là on ne parle plus de sanglot retenu. Pianiste hors pair, cette virtuose a d'ailleurs enregistré deux albums chez Deustche Grammophon c'est tout dire, qui a touché à tous les styles durant sa carrière (c'est une grande fan de Led Zeppelin qu'elle a repris), Tori Amos s'est à nouveau rapproché de son instrument fétiche durant ces confinements, et, soignant les harmonies vocales qu'elle partage désormais avec sa fille Tash, elle fait de Ocean to Ocean, un magnifique hommage à la... " mère " retirée.