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Le Réseau burn-out a été créé il y a une dizaine d'années par le Dr Patrick Mesters, auteur d'un livre remarquable sur le burn-out (1). "Il avait difracté la prise en charge du burn-out selon qu'elle se passe sur le plan organisationnel ou institutionnel au travers de l'Institut de recherche et de traitement du burn-out et au niveau de la prise en charge directe des patients en burn-out dans un réseau multidisciplinaire. Au départ, ce réseau n'avait pas été intitulé spécifiquement "réseauburnout.org". L'idée était d'élargir cette problématique à la souffrance au travail et au stress chronique pour ne pas étiqueter de manière trop stigmatisante la personne qui s'adressait à nous", explique le psychiatre Serge Goffinet, président actuel du réseau. Le Dr Goffinet rappelle qu'au départ la souffrance psychologique au travail a d'abord été identifiée chez les soignants. Ensuite, auprès des cadres et dirigeants et puis pour l'ensemble des travailleurs. "Les médecins ont été les premiers conscientisés et les premières "victimes" de la souffrance au travail dans des hôpitaux, des maisons médicales, en pratique privée..."L'approche du Réseau burn-out est pluridisciplinaire. L'équipe est composée de médecins généralistes, de psychiatres, de psychologues, de sophrologues, de coaches et de juristes . "Chaque professionnel est une porte d'entrée de notre réseau. Chaque membre connaît assez bien ses collègues pour savoir quand et comment référer les personnes. Nous interagissons en fonction de la demande et de l'état du patient. Le patient-type sort du déni pour prendre conscience que les troubles émotionnels, cognitifs, relationnels... dont il souffre sont tellement invalidants qu'il doit faire appel à un professionnel. Si la personne estime qu'elle doit mieux gérer son travail, elle peut contacter un de nos coachs spécialisés dans ce domaine. Si ce coach se rend compte que ce client est épuisé, ne dort plus et a mal partout, il va d'abord l'adresser à un médecin de l'équipe avant de lui proposer des pistes pour réorganiser son travail. Un diagnostic différentiel va être posé et le patient va se voir proposer une prise en charge séquentielle: d'abord du corps, puis de l'aspect psychologique et enfin un retour vers le travail au même endroit ou ailleurs. Si la dimension du harcèlement est présente, nos avocats peuvent intervenir. Très souvent, ce trajet commence par une consultation avec un psychiatre. Cette étape n'est pas obligatoire."Quant aux soignants qui sont en burn-out, le Dr Goffinet constate qu'ils présentent parfois des pathologies et des carences anciennes. "Le cordonnier est souvent le plus mal chaussé... Certains médecins oublient de faire des prises de sang durant de nombreuses années. Dans ce cas, il est important qu'un psychiatre leur dise qu'il est d'abord nécessaire de réaliser quelques examens."La personne qui fait appel au Réseau burn-out ne doit évidemment pas obligatoirement rencontrer tous les intervenants spécialisés. La prise en charge se fait sur mesure. "Certaines personnes ont besoin de beaucoup de séances chez le coach ou chez le psychologue ou de consultations médicales et d'autres moins", commente le Dr Goffinet. La prise en charge par les sophrologues est essentielle. "Ce traitement actif donne au patient la possibilité d'écouter son corps. Il va recevoir des outils qui vont lui permettre de gérer lui-même sa relaxation."Les différents intervenants du réseau, une trentaine de professionnels, se connaissent bien. Ils organisent des intervisions mensuelles et une grande réunion annuelle. Au fil du temps, ils ont développé des habitudes de pratique. Les patients sont référés aux collègues en fonction de la proximité géographique, des affinités entre praticiens, et des compétences particulières des prestataires. "Les patients apprécient de savoir qu'ils sont référés à des collègues parce que le prestataire estime que ces praticiens leur conviendront", ajoute le Dr Goffinet. Des réunions de groupe sont également organisées par les psychologues et sophrologues pour permettre aux patients de discuter ensemble. Plusieurs membres du Réseau burn-out continuent de réaliser leurs consultations en présentiel. "Dans les cas de harcèlement et de stress au travail, il y a beaucoup de déshumanisation. Les victimes reçoivent des courriers qui leur indiquent ce qu'elles doivent faire sans avoir de contacts téléphoniques. Ce sont parfois des ordres qui ne tiennent pas compte de la réalité du monde du travail. Nous essayons de réhumaniser les relations. Nous ne prenons pas pour autant des risques mais nous privilégions les consultations en présentiel."Les intervenants du réseau veillent à demander des honoraires modérés parce que les patients qui doivent arrêter de travailler pour être soignés voient leurs revenus diminuer durant des semaines, voire des mois. Ils sont également confrontés à une augmentation de leurs dépenses pour se soigner et se faire aider. "Ruiner un patient ne va pas améliorer son stress", commente le Dr Goffinet.