Chirurgien pédiatrique et foetal et chercheur à la KU Leuven, le Dr Luc Joyeux est passé par l'Huderf avant de rejoindre prochainement le Texas Children's Hospital à Houston. Il conjugue sa passion pour la recherche translationnelle et la chirurgie foetale. Ceci, dans une spécialité où les inconnues sont particulièrement nombreuses.
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Originaire de Montpellier où il fit ses études de médecine, le Dr Joyeux s'est spécialisé à Dijon. C'est entre ces deux régions, productrices d'une boisson déconseillée aux enfants, qu'est née une passion pour la chirurgie pédiatrique et le foetus humain. Fils et petit-fils de chirurgiens généralistes, il est rentré progressivement dans la spécialité durant son internat. "Je suis tombé amoureux de cette discipline et de la recherche suite à ma rencontre avec le Pr Emmanuel Sapin à Dijon. Une année de recherche passée à Philadelphie y a aussi largement contribué", confie-t-il. Avec ce professeur qu'il décrit comme "très humain et consciencieux", il s'est découvert une facilité à s'occuper des enfants alors qu'il hésitait jusqu'alors entre la chirurgie digestive et la neurochirurgie. "Un univers telle une piscine dans laquelle je nageais avec beaucoup d'aisance (...). Le fait que je provienne d'une grande fratrie m'a donné sans doute quelques prédispositions".Dans cette chirurgie très prenante où les parents et les familles sont "deux patients dont il faut s'occuper en plus du premier", il nous confie sa passion pour les pathologies complexes et spécifiquement, celles des tout-petits. "Les enfants ont globalement une grande plasticité physique et mentale, une adaptabilité que l'on pourrait résumer par le mot résilience", souligne le chirurgien de 41 ans. Une passion pour la recherche et l'innovation en chirurgie foetale. Ses diplômes de chirurgien général et pédiatrique en poche, il fait le pari de se lancer dans la recherche en chirurgie foetale fin 2014. Son choix se tourne naturellement vers la Belgique plus avancée dans ce domaine. "La recherche en chirurgie foetale, que j'avais pratiquée en 2008-2009 à CHOP, un des plus grands hôpitaux universitaires américains, m'a permis de rencontrer à Philadelphie le Pr Jan Deprest de la KUL (chef de l'unité de médecine materno-foetale et du centre de recherche foetale MyFetUZ, ndlr)". Ce dernier lui exprime son souhait d'une collaboration, "ce qui fut un immense honneur". Ses recherches le poussent à l'étude du spina bifida. Une pathologie très handicapante mais pas mortelle impliquant la moelle épinière, ses nerfs et le cerveau. "Dans notre secteur, l'innovation en chirurgie mini-invasive et en bio-ingénierie est l'avenir", renchérit-il. En parallèle de sa thèse de science à Leuven, il recherche un établissement hospitalier lui permettant de concilier recherche et chirurgie. C'est à l'Huderf qu'il poursuit la pratique de son métier de chirurgien à temps partiel. Ceci, suite à une autre belle rencontre, celle avec le professeur Henri Steyaert, chef du service de chirurgie pédiatrique. Un hôpital exclusivement consacré à l'enfant où il effectue encore des gardes, malgré son départ prochain pour le Texas où il occupera un poste de chirurgien foetal et néonatal et de chercheur. Une grande spécificité de la médecine et de la chirurgie foetale est que deux patients sont à considérer en même temps: la mère et le foetus. Si l'enfant, même très prématuré, a des droits, il n'en est pas de même pour le foetus non encore né. "Lorsque orienté par un collègue gynécologue-obstétricien, les parents ayant un foetus malade viennent nous trouver, ils reçoivent une information complète par notre équipe multidisciplinaire et ont un délai court pour prendre une décision." Toutes les possibilités leurs sont proposées dont les traitements prénataux médicamenteux ou chirurgicaux. Ils ont dès lors le choix d'avoir recours à l'IVG. Le choix final revient bien entendu aux parents exclusivement. Dans ces pathologies pédiatriques rares, certains se documentent énormément sur le problème de leur enfant et expriment l'envie de s'entourer d'avis professionnels éthiques ou religieux avant de se prononcer. Ces avis sont souvent très scientifiques et solides. Par leur questionnement les parents suggèrent même parfois à ce chirurgien chercheur des idées de recherche "souvent intéressantes". Le Dr Joyeux confie: "J'admire le courage des parents qui s'engagent dans cet univers inconnu aussi invasif qu'innovant qu'est la chirurgie foetale. Je suis fasciné par les capacités incroyables de récupération et cicatrisation des foetus et de la force des vies de ces enfants malades".Si c'est dans le foetus qu'est inscrit le scénario de la vie de l'enfant, la main du chirurgien foetal peut être une aide primordiale à l'écriture de sa vie. Contrairement à ce que certains peuvent penser, ce ne sont pas chez les personnes les plus religieuses que les solutions les "moins poussées" sont prises. Et le Dr Joyeux de nous présenter le cas d'une famille de confession juive où le choix s'est fait "après avoir consulté un rabbin qui prendra lui-même contact avec un homologue qui reviendra vers le spécialiste dans le cadre de questions plus poussées".