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La plus grande ville wallonne profite de nouvelles infrastructures hospitalières pour installer une capacité de radiothérapie au plus près du patient. " Cette technologie requiert des investissements importants de plusieurs millions d'euros, qui doivent donc être amortis sur de nombreuses années et tenir compte du développement de la population, de l'évolution de la ville, mais aussi des infrastructures hospitalières ", explique le Pr Philippe Coucke, chef du service de radiothérapie du CHU de Liège. En fait, les hôpitaux liégeois, CHR, CHC, CHU, et même luxembourgeois de Vivalia se sont entendus pour, ensemble, créer le Cure, le centre urbain de radiothérapie, pour permettre aux patients des provinces de Liège et de Luxembourg de bénéficier, au centre de Liège, de la meilleure prise en charge en radiothérapie. Il est vrai que ces partenaires sont depuis longtemps liés par une convention spécifique qui fait qu'il n'y a qu'un service de radiothérapie pour toutes ces institutions, avec un seul chef de service (celui du CHU), et du personnel engagé par le CHU et détaché sur les différentes implantations techniques. Le déménagement du CHC vers le Mont-Légia a été une opportunité nouvelle. " La décision a été prise de ne pas construire de bunker pour un accélérateur au Mont-Légia, mais de le construire au centre-ville, dans un espace directement connexe aux nouvelles infrastructures de la polyclinique du CHR (St-Rosalie) de la rue des Wallons. L'endroit est idéal, près des sorties d'autoroutes et à quelques arrêts de bus de la nouvelle gare. L'accélérateur du CHC, dûment updaté, y a donc été installé, ainsi que l'autre accélérateur Elekta, celui du CHR. Ils sont tous deux opérationnels. Et le Centre urbain de radiothérapie (Cure) tourne aujourd'hui à plein régime ". Le tout représente un investissement de huit millions. " Quand on construit un centre de radiothérapie, on prévoit directement trois bunkers. Deux sont équipés des accélérateurs les plus performants, le troisième est disponible pour effectuer les rotations quand il faut remplacer une des machines. Ainsi, pour le patient, le service est assuré en continu au même endroit. Si l'on n'a qu'une seule machine, la moindre panne, le moindre entretien, la moindre petite indisponibilité d'un des deux médecins oblige les patients à devoir aller dans un autre hôpital. C'est très inconfortable pour des patients fragilisés par leur maladie. Avec une telle infrastructure, aucun déménagement n'est théoriquement nécessaire. "Est-ce en cas de surcharge de la demande, le troisième bunker pourrait accueillir une troisième machine opérationnelle ? " En principe, rien ne s'y oppose, puisque c'est là qu'on mettra en place une nouvelle machine quand celles-ci deviendront obsolète. Et il est vrai que le nombre de patients atteints du cancer croît de 1,5% par an. Mais, pour l'instant, l'offre suffit à la demande. Au Sart-Tilman, nous avons cinq bunkers. Deux pour les machines traditionnelles, un pour une machine "dynamique" et deux bunkers pour les futurs équipements. Cela suffit pour la ville de Liège. "Le Cure devrait effectuer, sous la supervision du personnel CHU, une soixantaine de traitements par jour et prendre en charge 1.000 nouveaux cas par an. " C'est ce chiffre qui a généré la décision de bon sens de créer un centre commun. Néanmoins, si le traitement se fait pour tous dans les mêmes infrastructures, les patients restent suivis par les oncologues du centre hospitalier qui les envoie. " Les prises de rendez-vous se font d'ailleurs via les hôpitaux respectifs en concertation avec le Cure qui coordonne les horaires. " On l'oublie parfois parce qu'on se focalise sur les nouveaux traitements médicamenteux, mais la radiothérapie est aussi une méthode de traitement ciblé des cancers. Des faisceaux de rayons X haute énergie produits par les accélérateurs linéaires d'électrons sont concentrés sur la tumeur à traiter pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. La radiothérapie est utilisée chez plus de la moitié des patients ayant un cancer. Elle fait partie, avec la chirurgie, la chimiothérapie, l'hormonothérapie et l'immunothérapie des traitements des cancers et peut entraîner une rémission définitive à elle seule. Ces traitements peuvent être utilisés seuls ou associés entre eux ", souligne le Pr Philippe Coucke. Qui s'attend à de rudes semaines : " Il est impossible d'interrompre un traitement entamé en radiothérapie. Pendant le premier confinement, nous avons dû, coûte que coûte, délivrer les traitements planifiés. Mais toujours avec un décalage de deux ou trois semaines avec les autres spécialités (oncologues, chirurgiens, ...). Nous sommes aussi confrontés à davantage de cancers plus graves à cause de l'arrêt du dépistage et des réserves qu'ont certains patients à venir à l'hôpital pendant un confinement ", précise le radiothérapeute qui mène aussi une réflexion globale sur l'avenir des soins de santé. Après un premier livre L'avenir des soins de santé (Ed. Mardaga), il prépare une suite, que l'on annonce sans langue de bois.