La représentation politique des médecins se joue entre un socle de pratiques et un sommet gouvernemental avec, entre les deux, des étages de fonctions connexes tantôt essentielles tantôt opportunistes et partout, des influenceurs médiatiques.
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Porter la parole des praticiens de la base aux lieux des grandes décisions exige des aptitudes exceptionnelles de communicateur, de négociateur et d'avaleur de dossiers. Les allers-retours incessants sur toute la verticalité du système demandent une telle énergie que seuls des ego forts, avec leurs bons et leurs moins bons côtés, peuvent tenir (sur les egos et la société crocodile, lire JDM N° 2627). Et cela, en continuant à exercer auprès des malades, condition sine qua non pour être vraiment représentatif. Mais représentatif de qui et porteurs de quelles paroles? Il y a des modalités de représentation faciles car elles suivent les silos définis par des domaines spécialisés ou par des modalités comme le paiement forfaitaire ou à l'acte, le statut indépendant ou salarié, l'institution publique ou privée, académique ou non, ... sans oublier la si importante médecine générale, elle-même divisée! Certains croient dur comme fer qu'un seul système défini par des experts et imposé d'en haut garantirait la panacée. Jusqu'ici la Belgique a heureusement bien résisté à ces chants de sirènes. Mais elle l'a fait en multipliant les lourdeurs bureaucratiques. Nous retrouvons la tendance à catégoriser juridiquement des groupes contraires tout en leur laissant la liberté de se côtoyer, de se combattre mais aussi de coopérer, souvent du seul fait des malades eux-mêmes. À première vue, cela donne un sentiment de désordre, mais sur le terrain, cette grande diversité révèle des ressources insoupçonnées. Préserver la liberté de choisir les conditions d'exercice de la médecine convenant le mieux à chacune et chacun devrait être l'objectif prioritaire de tout syndicat médical. Défendre cette liberté implique un esprit d'ouverture à tous les types de médecine. Quitte à canaliser les divergences en interne pour défendre tous ensemble cette liberté en externe. Le politique ne s'y est pas trompé en donnant comme première condition de reconnaissance d'une organisation représentative, le fait de rassembler à la fois des spécialistes et des généralistes. La balle est vraiment dans le camp des médecins. S'ils veulent se faire entendre des politiques, alors ils doivent au minimum participer aux élections médicales et au mieux devenir membre d'un syndicat. Mais il y a plus. Discours du Dr Stan Politis à la récente AG de l'ABSyM: "Jusqu'à nouvel ordre, les patients sont nos plus proches alliés." Et il souligne un défi d'une autre ampleur: inciter les médecins à organiser eux-mêmes un métier réfractaire à toute programmation rigide. Exemple. Après une prouesse interventionnelle à l'hôpital académique, retour à domicile d'une personne fragile, à suivre de près, traitement lourd à très vite ajuster sur base de données cliniques simples. En trois coups de téléphone, le réseau spontané, généraliste, spécialiste, infirmier se met en place. Des prestataires qui se parlent et dialoguent avec les patients, que faut-il de plus? Retour à la médecine dans ses fondamentaux, voilà l'enjeu!