Réfédéraliser les soins de santé tant que faire se peut, financer massivement la prévention, faire de l'e-santé un outil et non une contrainte, priorité à la santé mentale, suppression du numerus clausus pour faire face aux pénuries, mettre le paquet sur les soignants (notamment les infirmiers) et signer une "Pax Hospitalia". Telles sont les priorités "santé et bien-être" des Engagés (ex-cdH) pour la prochaine législature.
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Crédités de 14% des voix en Wallonie, les Engagés n'entendent pas faire de la figuration ou de l'opposition stérile après les élections de juin. Le pouvoir les titille à nouveau et ils sont prêts à monter dans un attelage qui comprendrait notamment la N-VA. Les nationalistes flamands ayant le vent en poupe en Flandre et le PTB en Wallonie, les exclusives (à la Magnette? ) ne mèneront à rien, tance Maxime Prévot, président des Engagés. Il a planché, avec ses précieux collaborateurs (Catherine Fonck, Yves Coppieters, Alda Gréoli, Elisabeth Degryse, André Bosly, Yvan Verougstraete et Jean-Luc Crucke) sur... 200 propositions d'amé- lioration de la santé des Belges et de leur bien-être. Après les plans climat/énergie, fiscalité/travail et justice/police, la vision "santé et bien-être" est la plus importante car elle correspond - sondages à l'appui - à la première préoccupation de nos concitoyens. Première salve de mesures: la prévention. Priorité un peu galvaudée mais qui inspire aux Engagés une mesure forte: puisqu'un euro en prévention rapporte quatre euros, multiplions par deux les montants consacrés à la prévention. Ce qui, vu les compétences éclatées entre fédéral et entités fédérées à cet égard, nécessitera à tout le moins une refédéralisation partielle des compétences. D'ailleurs, la crise covid a démontré l'absolue nécessité d'avoir un capitaine pour gérer le navire Belgique en pleine tempête. Et la nécessité également de réindustraliser l'Europe en matière de médicaments et de matériel médical essentiel pour ne pas dépendre de la Chine, notamment. La prévention passe également par la lutte contre le surpoids (50% des Belges concernés), les maladies chroniques comme le diabète (7% de la population) et le tabagisme (un Belge sur cinq concerné). Les Belges doivent aussi améliorer leur littératie en santé (faculté de comprendre les traitements pour mieux les appliquer: un tiers seulement en seraient capables). L'environnement (insalubrité, pollution) est un déterminant majeur en santé ainsi que l'alimentation et les addictions. Une action énergique est nécessaire. Deuxième axe majeur du plan santé des Engagés: la santé mentale. Il faut impérativement améliorer l'accessibilité aux soins psychiatriques et psychologiques de première ligne. Mais là comme ailleurs, les pénuries règnent, un rendez-vous chez le psy est devenu une galère... Face aux pénuries, le Dr Catherine Fonck, députée sortante, propose donc ni plus ni moins de supprimer les numerus clausus et les quotas Inami ainsi que le concours à l'entrée des études de médecine et de dentisterie. Des milliers de médecins européens obtiennent automatiquement un numéro Inami alors que les jeunes Belges doivent parfois renoncer à la carrière. "Inadmissible", pour Maxime Prévot qui constate qu'exercer en Belgique est presque plus facile pour un Roumain que pour un Belge... Une commune sur deux est en situation de pénurie et une sur cinq en pénurie grave, se plaint le Dr André Bosly, hématologue. Les Engagés proposent un remède de cheval: exonérer de taxes pendant cinq ans les médecins qui s'installent dans ces communes et les faire bénéficier d'un secrétariat gratuit pendant la même période. Les tensions quant à la charge des infirmiers et aide-soignants ne font que s'accroître malgré le plan "Blouses blanche" mis en place par Frank Vandenbroucke - ce qui est confirmé par Renaud Mazy, patron des Cliniques Saint-Luc, qui a introduit la séance avec la situation catastrophique du corps infirmier proche d'un burn-out généralisé. Sur 148.782 infirmières en âge d'exercer, seules 126.496 sont réellement actives. 22.000 sont donc mobilisables mais travaillent hors du secteur des soins. L'accessibilité financière aux soins n'a pas échappé aux Engagés qui constatent que la part payée par le patient belge est importante dans l'OCDE (19% du coût contre 9% en France). Solutions: généraliser le tiers-payant et créer un MAF (maximum à facturer) "fratrie" plus proche de la situation familiale ; rembourser à 100% certains verres correcteurs de lunettes, prothèses dentaires et appareils auditifs ; s'assurer d'un taux plus élevé de conventionnement des médecins. Les Engagés soulignent la bonne idée de Frank Vandenbroucke (initiée par Maggie De Block) de réformer le financement de l'hôpital et la nomenclature. Mais ils soulignent que ces réformes ne prendront cours au mieux qu'en 2025/26. En attendant, "il faut passer d'un financement rétrospectif à un financement prospectif basé sur un forfait par pathologie et mettre fin au financement croisé entre hôpitaux et médecins (baisse des suppléments d'honoraires et revalorisation de l'acte intellectuel, NdlR)". "Entre-temps, une Pax Hospitalia est indispensable", clame Catherine Fonck. "Car six hôpitaux sur dix sont dans le rouge (selon l'étude Maha)."Un nouveau plan cancer est nécessaire, vingt ans après celui de Laurette Onkelinx. Un homme sur trois et une femme sur quatre développeront un cancer avant leurs 75 ans. Le cancer de la prostate pour eux et le cancer du sein pour elles sont les plus fréquents (respectivement 30% et 33% en fréquence en 2021). Mais aussi un plan maladies rares, un plan maladies cardiovasculaires, un plan Alzheimer avec à chaque fois une kyrielle de mesures... Comment les financer? Les Engagés n'ont pas fait le calcul, ce qui constitue un bémol au travail de bénédictin fourni pendant un an pour accoucher de cette vision santé. Mais l'axe "fiscalité travail", autre priorité du parti centriste, dégagerait plusieurs milliards d'euros d'économies. Et qu'on ne vienne pas dire aux Engagés qu'il suffit d'actionner la chimérique lutte contre la fraude fiscale d'où surgirait quelque argent gratuit... L'E-santé et le Dossier patient partagé? Mille fois oui, dit Alda Greoli, ancienne ministre et ex-Mutualités chrétiennes, mais "ce n'est qu'un outil dont l'utilisation (vie privée) doit être soigneusement balisée". Attention à la cybersécurité. Car selon Renaud Mazy, "la question n'est pas 'si' on va être cyberattaqué mais 'quand'". Enfin, sur le bilan de Frank Vandenbroucke, qui n'est pas sans réussite reconnaissent Les Engagés, le point noir est sans doute le financement du système qui n'a cessé de reculer avec la baisse de la norme de croissance. Lorsque le Comité de l'assurance de l'Inami propose 38 milliards d'euros (37,993) le budget 2024 n'est en réalité "que" de 37,268 milliards soit 725 millions de moins, calcule Catherine Fonck. En 2020, la santé pesait 7,3% du PIB et en 2024, elle pèsera 7,09%. Une lente dégradation...