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"La neurologie reste avant tout une spécialité clinique - l'anamnèse et l'examen neurologique clinique prennent souvent beaucoup de temps. Une meilleure rémunération des prestations intellectuelles pourrait rendre notre discipline plus attrayante", relève le Dr Vincent Van Iseghem au nom du conseil d'administration de l'association professionnelle belge des neurologues. "De nouveaux neurologues sont nécessaires pour pouvoir résoudre le goulot d'étranglement que constituent les gardes exigeantes. En outre, l'assurance maladie veut rendre moins intéressant financièrement le fait de garder longtemps les patients à l'hôpital. Mais répondre à la tendance aux séjours de courte durée n'est pas toujours ce qui convient pour les maladies neurologiques. Cela joue aussi au détriment des neurologues.""L'importance des actes techniques en neurologie a également augmenté. Mais là, les autorités continuent de freiner. Par exemple, une demande de remboursement de l'échographie par les neurologues a été rejetée - alors qu'elle est considérée au niveau international comme une bonne pratique clinique dans le traitement des syndromes canalaires ou de la neuropathie inflammatoire, pour ne citer qu'eux. Les prestations pour la neurostimulation dans les troubles du mouvement (dystonie) et l'épilepsie, ou l'administration de médicaments par voie intrathécale ne sont pas reprises dans la nomenclature."Concernant le point névralgique que constituent les lourdes gardes effectuées par les neurologues, le Dr Van Iseghem envisage une approche plus rationnelle et une plus grande professionnalisation par le biais d'une collaboration accrue entre les services de l'hôpital et entre les hôpitaux d'un réseau. "L'expertise neurologique est souvent nécessaire auprès des patients hospitalisés et dans les services d'urgences. Pensez à un patient souffrant de troubles de la mémoire ou d'une exacerbation de symptômes parkinsoniens. Cela souligne l'importance d'une permanence neurologique. De même, dans un service de soins intensifs, l'expertise du neurologue s'avère souvent utile. Là, cependant, le problème est que les neurologues n'ont pas accès à la formation professionnelle d'intensiviste - ils ne peuvent pas se spécialiser dans cette discipline en tant que neurologues. Une spécialisation en tant que médecin réadaptateur est possible mais pas évidente, car il y a encore peu de médecins avec cette sous-spécialité et il est donc difficile de trouver un lieu de formation."Le principal goulot d'étranglement pour le service de garde réside dans l'organisation d'une prise en charge pour les patients victimes d'un AVC. Il est important que les centres S1 soient bien répartis sur l'ensemble du pays et qu'ils soient constamment prêts à effectuer rapidement une thrombolyse chez un patient victime d'un AVC ou éventuellement à l'orienter vers une thrombectomie. Ce point est menacé. En outre, la reconnaissance et le développement de centres S2 spécialisés, où la thrombectomie est pratiquée, traînent inutilement depuis des années. Un nouvel AR d'exécution a permis de contourner le problème de la répartition des centres S2 entre les régions. Mais maintenant, le gouvernement flamand regarde dans quel sens le vent souffle craignant de nouvelles procédures, rapporte le Dr Van Iseghem. En outre, selon elle, les neurologues des centres S2 devraient avoir la possibilité de pratiquer eux-mêmes la thrombectomie mécanique, après une formation approfondie en vue de la continuité de ces soins. Il n'y a pas que l'organisation de la prise en charge des AVC qui ne décolle pas dans notre pays. "Notre discipline a beaucoup de points communs avec d'autres disciplines. Un patient parkinsonien peut développer des troubles vésicaux qui sont traités par un urologue, mais le neurologue doit veiller à la coordination. Aucun cadre structurel n'a été élaboré pour ce rôle. Dans ce contexte, le suivi des patients par les kinés, les logopèdes, les ergothérapeutes, etc. est également difficile. Pour une infirmière spécialisée dans la démence ou la sclérose en plaques, le service doit chercher lui-même un financement. Il y aurait des projets pilotes en cours avec des infirmiers pour la maladie de Parkinson, mais tout cela est lent. Les gouvernements fédéral et régionaux devraient s'occuper activement de ce problème et élaborer un cadre pour une approche multidisciplinaire, mais cela n'arrive pas."Le crocodile bleu concerne aussi les neurologues. "Incapacité de travail, demande de dispositifs médicaux, ... Pour une demande à l'agence flamande pour les personnes handicapées, il faut présenter tout un dossier. Par exemple, si je veux traiter un patient épileptique avec du lacosamide je dois remplir une nouvelle demande chaque année. Un exemple parmi tant d'autres. Comme si la mutualité ne savait pas que l'épilepsie ou la maladie de Parkinson ne sont pas guéries un an plus tard.""Enfin, le nombre de neurologues nouvellement formés doit correspondre aux besoins sur le terrain. Il faut augmenter le nombre de lieux de formation de qualité. Et les neurologues en formation doivent également être en mesure d'effectuer suffisamment de gardes. Avec les règles actuelles pour les MACCS, c'est parfois difficile à organiser parce qu'ils doivent aussi être disponibles pendant le service ordinaire.""Tous ces problèmes pour les neurologues sont en fait liés entre eux. Une consultation large et approfondie sur l'avenir de notre spécialité est nécessaire", conclut le neurologue.