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Il existe un lien bien documenté entre la grippe et l'AVC, et la question se pose donc logiquement de savoir si le fait d'être vacciné contre le virus influenza abaisse aussi la probabilité d'être victime d'un accident vasculaire. Une étude publiée au mois de septembre dans la revue Neurology semble en tout cas confirmer cette intuition (1). Rodriguez-Martin et al. ont analysé les données d'un peu plus de 14.000 patients victimes d'un premier AVC ischémique entre 2001 et 2015, puis comparé chaque cas à cinq contrôles appariés pour l'âge et le sexe mais exempts d'AVC. L'odds ratio pour les sujets vaccinés par rapport aux sujets non-vaccinés s'élevait à 0,79 (IC 95%: 0,69-0,92) au cours de la période de 15 à 30 jours après administration du vaccin, et était encore de 0,92 (IC 95%: 0,87-0,98) 150 jours après la vaccination. L'effet protecteur s'observait pour les AVC aussi bien cardio-emboliques que non cardio-emboliques et était présent chez les sujets des deux sexes, qu'ils soient ou non âgés de plus de 65 ans et que leur risque cardiovasculaire soit faible ou élevé. Fait intéressant, il semblait également présent en-dehors de la saison grippale. L'étude était de type observationnel, ce qui signifie que les résultats sont à interpréter avec une certaine prudence. Il est par exemple possible que certaines personnes se fassent vacciner contre la grippe parce qu'elles accordent globalement une grande attention à leur santé et présentent déjà, de ce fait, un risque plus faible d'AVC. Les auteurs soulignent toutefois qu'ils ont aussi investigué le lien entre vaccination antipneumococcique et AVC, mais sans parvenir cette fois à démontrer un quelconque effet protecteur. Ils en concluent que l'effet bénéfique de la vaccination contre la grippe ne repose pas sur une corrélation biaisée, puisque les deux vaccins - celui contre l'influenza et celui contre les pneumocoques - sont exposés aux mêmes facteurs confondants. Un autre constat notoire est que l'effet protecteur pouvait être démontré aussi en-dehors de la saison grippale, comme le confirme d'ailleurs également une étude similaire présentée lors d'un congrès en mai de cette année (2). Dans cette seconde étude, de type cas-contrôles (qui portait sur plus de 13.000 personnes victimes d'un AVC), la vaccination contre la grippe abaissait de moitié le risque d'AVC ischémique ou hémorragique, et ce aussi bien pendant la saison grippale qu'en-dehors de cette période. De quoi suggérer que, si le vaccin protège contre l'AVC, ce n'est pas uniquement au travers de son effet préventif contre le virus influenza. Alors que la grippe alimente le risque d'AVC au travers d'une libération de substances inflammatoires, ce qui accroît le risque de rupture de plaque, on suppose que le vaccin influenza entraîne la production de médiateurs anti-inflammatoires et exerce ainsi un effet stabilisateur sur la plaque d'athérome.