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Faut-il se tuer au turbin pour être un bon médecin? (...) Elle est admirable, l'aspiration au dévouement, admirable et terriblement exigeante, elle entraîne dans un dépassement de soi inexorable. Mais est-ce sans risque? Il y a comme un vertige de puissance dans la sensation d'être utile, de se sentir indispensable, c'est un tourbillon où risque de se perdre le sens critique, à commencer par le sens de l'autocritique. (...) L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhomme disait Nietzche, une corde tendue sur l'abîme. Le danger du dévouement, il est paradoxal, c'est de se fermer aux autres, de finir par ne plus reconnaître l'altérité à force de sacrifice personnel. Prisonnier de la vision du monde qu'il se construit, le soignant en arrive à prendre le particulier pour le tout, à considérer sa pratique comme "la" pratique et à développer ainsi une sorte de biais cognitif. (...) Les formules mises en place pour assurer la continuité des soins comme le travail en groupe et les systèmes de gardes adaptés à l'environnement de la pratique doivent être rapidement déployées (...) Y veiller, c'est notre job au GBO.