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Entrer dans un restaurant d'hôtel sans y être logé parait difficile: pourtant, à deux pas des institutions européennes, sur cette place Jourdan toute proche qui garde cependant un caractère pas trop européanisé aseptisé malgré tout, notamment grâce à cette autre institution - bruxelloise cette fois - qu'est la friterie Antoine, l'hôtel Sofitel a eu la bonne idée de donner une âme à sa table en la confiant en 2019 aux bons soins de Jean-Philippe Watteyne, ancien lauréat de Top Chef, qui a conçu la carte. Lequel, pour accentuer l'ancrage local, même si le décor du restaurant sobre sans aspérité a ce côté léché, rassurant, contemporain, un peu passe-partout, propose de revisiter à sa manière des incunables de la cuisine belge comme le waterzooi, l'oiseau sans tête ou les boulets liégeois... mais dans une version végétarienne. Cette relecture se veut originale et l'est: si les anguilles au vert se présentent sous forme de crêpe fourrée ou presque, elles se révèlent délicieuses, tout comme le quadrille de croquettes: au fromage de l'abbaye d'Orval, langoustines, chicons au gratin et carbonnades à la flamande. En plat, on mord sans peine à l'hameçon de la truite wallonne, tandis que le contre-filet limousin... mais à la belge est d'une tendresse émouvante (quelle bonne idée de ne pas servir du blanc bleu belge). Comptez 28 euros pour ce plat et 22 pour la truite saumonée wallonne dans des prix très commission (tout de même un menu gourmand à 37 euros trois services et trois choix, c'est plus que raisonnable). Arrosé de vins européens - en blanc un pinot Grigio des Dolomites excellent, voire des vins belges (bien sûr une suite de bières), français ou espagnols... bref souvent européens (voire même néo-zélandais vu que le drapeau est aussi à étoiles) accompagnent jusqu'aux desserts: mélange à nouveau franco-belge, avec un merveilleux ( by Jean-Phi3! ) qui porte bien son nom et une gaufre de Bruxelles garnie à la glace un peu décevante, car quelque peu, comment dire, moins raffinée que le reste. Le service est internationalement bruxellois et extrêmement sympathique, apportant ce supplément d'âme qui permet au 1040 d'être autre chose qu'un code postal... et de ne pas manquer de cachet.