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Directeur TIC de l'agence flamande pour les soins et la santé ( Zorg en Gezondheid), Dominique Dejonckheere est également responsable de Vaccinnet. Cette plateforme flamande lancée il y a 17 ans semble un outil idéal pour l'enregistrement de la vaccination Covid... pour autant, évidemment, qu'elle puisse l'assumer pour l'ensemble de la population belge. "Ne sous-estimez pas ce que représente cet élargissement. Nous avons dû dans un laps de temps très court traduire tout le système, le faire intégrer dans les applications destinées aux vaccinateurs, étendre le couplage avec le registre national à la population de la Région wallonne... et, surtout, assurer la formation et l'accompagnement des vaccinateurs dans toutes les régions du pays. Le helpdesk est aujourd'hui opérationnel, y compris pour les hôpitaux et les centres de vaccination partout en Belgique. Trois quarts des moyens consacrés à ce projet servent à assurer ce soutien.""À l'origine, on nous avait demandé de veiller à ce que Vaccinnet soit paré pour la vaccination Covid d'ici à début mars 2021. Cela nous semblait déjà très juste... puis on nous a demandé si finalement, tout pouvait être opérationnel début janvier! En définitive, nous étions prêts le 23 décembre. Les premiers vaccins Covid ont été administrés dans notre pays le 28 décembre et enregistrés d'emblée dans Vaccinnet." Mission accomplie, donc, résume Dominique Dejonckheere. "La campagne d'immunisation est aujourd'hui en cours dans les maisons de repos et de soins de tout le pays, et ces vaccinations sont toutes enregistrées. Je n'ai pas eu vent de problèmes majeurs, mais cet élargissement a demandé de sérieux efforts. À certains moments, 20 à 25 personnes y travaillaient à plein temps!""L'enregistrement du vaccin peut se faire de différentes manières, au niveau des patients individuels ou en chargeant des fichiers groupés, des documents csv qui peuvent contenir environ 500 enregistrements." Le vaccinateur peut se connecter directement sur www.vaccinnet.be ou transiter par une application qui utilise les services en ligne de la plateforme, comme le dossier-patient électronique. Une dizaine de suites de logiciels de médecine générale, de médecine du travail et hospitaliers offrent déjà cette possibilité. "Nous continuons à optimiser le système. Un nouvelle version de Vaccinnet sera implémentée fin janvier, mais l'ensemble du projet ne devrait être bouclé que vers la mi-mars.""En ce qui concerne les formations, nous nous focalisons actuellement surtout sur les hôpitaux et les centres de vaccination. Le marché pour le développement du système de gestion des rendez-vous dans les centres de vaccination a été attribué à la fin de la semaine dernière et devrait être opérationnel début février." Il va sans dire que les centres pourront également enregistrer les vaccinations qu'ils réalisent. "Le système des fichiers groupés sera disponible d'emblée, les services en ligne suivront quelques semaines plus tard.""Ce n'est par contre pas via Vaccinnet que se fera le contrôle du statut de vaccination: le déverrouillage de ces données passe par le coffre-fort de la première ligne." En l'occurrence, c'est Vitalink qui tient les données de la vaccination Covid à disposition pour l'ensemble de la Belgique. Un médecin hospitalier peut ainsi vérifier si une personne a déjà reçu son vaccin covid, un généraliste de Liège peut contrôler le statut vaccinal de son patient et n'importe quel citoyen belge, de Furnes à Neufchâteau, peut accéder à ses informations via masante.be ou via myhealthviewer. "Le couplage avec la source des données se déroule entièrement à l'arrière-plan. Si une décision se prend concernant un futur certificat de vaccination européen, les citoyens pourront le télécharger par la même voie."Vaccinnet a toutefois aussi ses limites. "Le système sait si l'enregistrement provient d'une MRS, d'un service de médecine du travail, d'un hôpital, etc., mais pas quel est le groupe-cible. Il ignore combien de résidents ou de travailleurs doivent être vaccinés dans une maison de repos donnée et ne peut pas consigner les refus de vaccination ou les raisons qui les motivent. Il a donc été décidé à l'échelon fédéral que les MRS fourniraient ces données séparément par le biais d'un guichet électronique." Toutes ces informations - celles de Vaccinnet et celles de l'e-guichet - sont ensuite transférées à Sciensano. Sciensano se charge à son tour de rapporter ces données - anonymisées - aux instances européennes, au public et au SPF Santé publique. "Nous savons combien de doses d'un vaccin donné ont été administrées, s'il s'agit de premières ou de secondes doses, nous connaissons la commune de résidence et l'année de naissance des personnes vaccinées, mais nous ne disposons pas d'autres données à leur sujet", précise Kurt Nys, directeur TIC du SPF . Les couplages avec d'autres bases de données pour contrôler l'avancement de la vaccination dans un groupe de population spécifique ou à des fins de recherche scientifique relèvent de la responsabilité de Sciensano. "Sciensano pourrait par exemple coupler les données de vaccination à CoBRHA pour savoir combien de médecins, infirmiers et autres professionnels de la santé ont reçu leur(s) piqûre(s). Pour le suivi de la campagne d'immunisation, nous prévoyons toutefois surtout de dresser un tableau du taux de vaccination en fonction des groupes d'âge."À l'aide des données fournies par Sciensano, le SPF Santé publique organise la "tour de contrôle" qui se charge de suivre de près la campagne de vaccination et de gérer l'approvisionnement. "Grâce à l'AFMPS nous savons combien de vaccins sont livrés et combien nous pouvons en attendre dans un avenir proche. En collaboration avec l'AFMPS et la firme logistique Medista, nous surveillons également la livraison du matériel médical. Nous savons grâce à Sciensano combien de vaccins sont administrés à leur destination finale - soit principalement dans les MRS et les hôpitaux, pour l'instant - et nous consignons combien de doses se perdent. Les quotas pour chaque point de livraison sont fixés en accord avec l'AFMPS et les régions."La situation sur le terrain est passablement complexe et les applications informatiques doivent permettre d'en dresser le tableau. Ainsi, la distribution ne se déroule pas de la même manière pour le vaccin de Pfizer et celui de Moderna, et leurs groupes-cibles aussi sont différents. En outre, si les produits actuels s'administrent encore en deux doses, il est possible que nous disposions à l'avenir de vaccins ne nécessitant qu'une seule piqûre. Le système informatique de la tour de contrôle doit tenir compte de tous ces aspects et de bien d'autres encore. Lorsque de nouvelles situations se présentent, il faut aussi pouvoir les intégrer rapidement, poursuit Kurt Nys. S'ajoutent à cela des différences régionales: alors que ce sont les zones de première ligne qui organisent les centres de vaccination en Flandre, en Wallonie, ces structures sont plus étroitement liées aux hôpitaux. Il existe également à l'échelon fédéral une base de données des "collectivités" - comprenez, les maisons de repos et de soins, les institutions pour personnes handicapées, les écoles, etc. - qui reçoivent chacune un numéro d'identification. C'est important pour la stratégie de testing si un foyer se manifeste, mais ces "collectivités" ou "entités" peuvent aussi jouer un rôle dans la stratégie de vaccination. Les centres de vaccination recevront également chacun un numéro d'identification dans cette base de données, déjà provisoirement couplé à un code Inami.