...

Brigitte Bouton, inspectrice générale du département santé de l'Aviq, a réalisé une présentation des objectifs santé de la Wallonie à l'horizon de 2030. Une prestation sans langue de bois saluée par l'auditoire. Alors que l'on cite souvent la concurrence entre la Wallonie et la Flandre, Brigitte Bouton loue la bonne entente avec le Nord. Également dans leurs moins bons contacts avec le Fédéral, qui en pris pour son grade, ainsi que certaines institutions fédérales ou encore la Communauté française...Mais l'inspectrice générale s'est toujours voulue résolument optimiste dans son discours. "L'Aviq est une administration encore nouvelle", rappelle l'intéressée "Elle est unique en Belgique puisqu'elle allie à la fois des fonctions de l'Inami et du SPF Santé publique. Pour une fois, nous sommes précurseurs en Wallonie", s'amuse-t-elle. "Le budget total de l'Aviq est de six milliards d'euros." Un poids lourd dans le budget wallon qui pèse 13 milliards d'euros. Un nouveau contrat de gestion est en cours de finalisation au sein de l'Aviq. L'occasion de se pencher sur les défis auxquels la Wallonie va devoir faire face. Ils sont, comme partout, nombreux. Le premier sur lequel s'attarde Brigitte Bouton est le vieillissement et le souhait de vivre à domicile. "L'Aviq développe de nombreux projets pour y faire face (vision fondée sur une stratégie de désinstitutionnalisation, Plan de promotion de la santé - le Plan Wasp)", explique l'inspectrice générale qui souligne que l'Aviq "adore les acronymes". Plus sérieusement, elle indique que le budget initial dédié à la prévention était de 11 millions d'euros par an. Il est aujourd'hui de 29 millions d'euros par et devrait encore augmenter. Pas assez, rétorque la salle. Mais c'est un bon début, reprend Brigitte Bouton, résolument optimiste. En outre, l'Aviq travaille sur l'actualisation des normes en MR-MRS, la diversification de l'offre d'hébergement, et compte également - c'est l'axe majeur du nouveau contrat de gestion - sur Proxisanté. Autre défi: l'augmentation des maladies chroniques et complexes. L'Aviq mise - heureusement - sur une vision scientifique. Elle a développé le Swiss - Système wallon d'informations sociosanitaires - "non pas par plaisir des acronymes mais pour mieux coordonner et sécuriser le parcours des patients chroniques, âgés ou en situation de dépendance ou de handicap". Proxisanté aura un rôle majeur à jouer dans l'élaboration des zones de soins qui ne devraient pas dépasser les 300.000 habitants (entre autres pour comprendre la situation particulière du Luxembourg). Des case managers seront également formés pour prendre en charge de manière intégrée les patients complexes et les aiguiller dans le parcours de soins. Enfin, Brigitte Bouton a abordé le problème des ressources humaines auquel fait face le secteur des soins de santé dans son ensemble. "Nous devons travailler dans les limites des prérogatives de la Wallonie..." Et de continuer: "Il faudrait supprimer la Communauté française. Cela complique les choses." Une pensée partagée, pour les compétences de santé, par la ministre régionale Christie Morreale qui espère voir venir dans le giron de la Wallonie des compétences comme l'enseignement supérieur et la prévention des mineurs. Quoi qu'il en soit, l'Aviq travaille à un cadastre des ressources médicales validé par les cercles de médecine générale. "On envisage d'étendre ce cadastre à la dentisterie qui est également une profession en pénurie", explique Brigitte Bouton. Pour relever tous ces défis, la Wallonie et l'Aviq disposent d'outils: le Wasp, le Swiss, Proxisanté, mais aussi le plan wallon e-santé et w.all.inHealth... Sans oublier le Plan stratégique des soins en santé mentale et un dispositif accru de surveillance des maladies infectieuses. Beaucoup d'ambitions donc, mais il reste des incertitudes, concède Brigitte Bouton. "Comment va évoluer le secteur d'aide à domicile? Quelle sera l'évolution du secteur hospitalier? Est-ce que les infrastructures sont en cohérence et en adéquation avec l'évolution des soins, entre autres le virage ambulatoire et l'hospitalisation à domicile? Quelle est la vision du secteur entre hôpitaux de haut niveau et hôpitaux de proximité? Quelle sera, enfin, la vision politique à l'issue des prochaines élections? Quid d'une éventuelle réforme de l'État?"