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En Europe et en Flandre, les partis d'extrême droite progressent. Par ricochet, de nombreux partis centristes, tant en Europe qu'en Flandre, ont déplacé leurs programmes et leurs réponses aux questions des tests électoraux vers la droite. Le Pr Stefaan Walgrave, de l'Université d'Anvers, l'a ainsi démontré dans l'édition du 21 mai de De Standaard. Il est possible que cela se traduise par des politiques nettement plus conservatrices et de droite en Flandre et en Europe, et que cela fasse reculer réduise un certain nombre d'acquis 'sociaux', 'de gauche' et 'écologistes'. Que cela soit bon ou non, c'est à vous de décider, mais un retournement de situation est en cours. En Belgique francophone, le MR et Les Engagés opèrent également un virage similaire à droite, mais les sondages semblent indiquer que les votes iront surtout vers l'extrême gauche. Ainsi en va-t-il dans ce pays divisé: la Flandre se droitise, la Belgique francophone se gauchise. Quel type de politique fédérale en résultera-t-il? Personne ne le sait. Il en résulte une grande incertitude quant aux politiques de demain. Et mène à un paradoxe. Bien que la confiance dans la politique et dans les partis politiques qui se chamaillent soit tombée au plus bas, il a plu des mémorandums électoraux, ces derniers mois: tous les groupes d'intérêt, de réflexion, les groupes professionnels... dont ce pays est riche, ont afflué vers ces partis pourtant détestés avec un mémorandum reprenant tous leurs souhaits. En soi, c'est une bonne chose. Les partis qui forment des coalitions rédigent des accords de coalition de plus en plus détaillés. Les groupes de citoyens feraient bien de faire pression pour y inclure aussi leurs idées. Mais pas de fatalisme non plus. Bientôt, après les élections, lorsque les accords de coalition seront rédigés, il restera encore une bonne marge de manoeuvre d'influence: l'unité de ces gouvernements est si faible aujourd'hui, que des mouvements de citoyens intelligents peuvent briser les accords de coalition relativement facilement. Localement, les citoyens et les groupes l'ont découvert depuis longtemps. La démocratie, ce n'est pas seulement des élections. La démocratie, c'est aussi l'action citoyenne. On ne compte plus les communes où les protestations des citoyens ont contraint les administrateurs à changer de cap. Il en va de même au niveau flamand et fédéral. L'opinion publique a contraint le gouvernement flamand à changer de cap en matière d'accueil d'enfants. L'indignation des citoyens à l'égard de certaines pensions et allocations de retraite élevées des députés a déjà conduit à des modifications limitées de la réglementation, mais le fait que certains députés partant à la retraite proposent spontanément de réduire eux-mêmes de moitié leurs allocations confirme que l'opinion publique active pourrait bientôt imposer des modifications plus profondes de la réglementation. Dans un certain nombre de domaines, les opinions des différents partis sont également beaucoup moins divergentes qu'on ne le pensait. Prenons l'exemple de la politique de santé. Si l'on enlève un certain nombre de pierres d'achoppement idéologiques classiques - comme le paiement à l'acte, les suppléments d'honoraires, certaines questions éthiques, et plus ou moins de pouvoirs pour les entités fédérées -, il y a (peut-être grâce au lobbying susmentionné) un accord raisonnablement large entre les partis, et il ne diffère pas tant de ce qui se passe dans le secteur et parmi les citoyens. Il ne devrait donc pas être difficile de faire pression sur les hommes politiques pour que ces politiques soient mises en oeuvre. Conclusion: l'incertitude, les potentiels glissements de pouvoir et l'atmosphère conflictuelle entre les partis créent un espace pour une opinion publique active et des groupes de citoyens actifs après les élections.