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Réaliser un Sumehr étayé a longtemps été une gageure pour les médecins généralistes. "Obligés" de produire des Sumehrs pour obtenir le maximum de leur prime télématique, c'est plutôt par le biais du bâton et de la carotte que pour l'amélioration des soins de santé que bon nombre de médecins se sont pliés à l'exercice. Néanmoins, la tendance est à la production de Sumehrs de qualité désormais. L'Inami en fait un point d'honneur (lire ci-contre). Dans son dossier, e-santewallonie donne quelques arguments pour réaliser un Sumehr de qualité. "Un Sumehr est utile à plusieurs niveaux. D'abord pour la pratique individuelle du médecin. Avoir un dossier de qualité pour la prise en charge individuelle d'un patient est très important pour sa propre pratique", confirme Marie-Eve Janssen, médecin généraliste et collaboratrice de l'ULiège pour la formation à l'informatisation de la santé. "Et si l'on a un dossier bien structuré et bien alimenté, le Sumehr sera de qualité par essence: à chaque fois que l'on ajoute une information pertinente, elle est exportée vers le Sumehr."Ensuite, le Sumehr est également utile en pratique pluridisciplinaire. "Selon la matrice d'accès, le Sumehr va pouvoir être utilisé par plusieurs collègues (kinésithérapeutes, professionnels de l'art infirmier, services de diabétologie, etc.). L'objectif est toujours de viser la qualité des soins et d'améliorer la prise en charge des patients."La collaboratrice de l'ULiège rappelle toutefois que la vocation du Sumehr est le partage des données, et non l'exhaustivité des données partagées. Une nuance importante. "Le Sumehr est un outil qui ne nous empêche pas d'être de bons cliniciens", explique Marie-Eve Janssen. "Une des grandes réticences au partage des données via le Sumehr concernait les risques médico-légaux encourus en cas d'oubli dans le Sumehr ou de refus du patient de partager une donnée. À ce titre, il n'y a aucun risque. C'est d'ailleurs biennotifié lors de l'édition d'un Sumehr: 'Les données présentées dans un Sumehr ne peuvent pas être considérées comme exhaustives. Ceci est en concordance avec les principes du RSW/RSB/Vitalink. Ces données sont présentes à titre purement indicatif et ne dispensent jamais d'une anamnèse circonstanciée.' Le Sumehr est donc un support à la pratique, au partage des données et ne constitue pas une fin en soi."Autre pan investigué par e-santewallonie: le lien entre la première et la deuxième ligne au niveau du partage des données, et singulièrement du Sumehr. Ce lien constitue parfois un frein à la réalisation d'un Sumehr. Le prétexte: les spécialistes ne le consultent pas. "C'est une réflexion que j'entends au moins une fois par semaine", répond Isabelle Polis, membre du comité de pilotage du Réseau santé wallon (RSW) depuis huit ans. "Il vaut toujours mieux un Sumehr minimal que pas de Sumehr du tout. Nous expliquons, durant les formations, que réaliser un Sumehr peut être très simple, voire automatique. Le Sumehr peut être envoyé automatiquement à la fermeture du logiciel dès qu'un élément pertinent a été ajouté. Cela simplifie la vie."D'aucuns se plaignaient, il y a quelques années, que tous les logiciels hospitaliers ne pouvaient pas lire les Sumehr. Heureusement, là aussi, la situation évolue positivement. "Je me suis personnellement rendue dans quelques hôpitaux pour évaluer la situation, et lever les éventuels freins informatiques ou techniques. J'ai vite compris que si peu de Sumehrs étaient lus, ce n'était pas de la mauvaise volonté de la part des hôpitaux. Pour lever ces freins, il faut parfois passer par le producteur de logiciel. Mais d'autres fois, des solutions simples et internes peuvent être trouvées avec l'équipe informatique de l'hôpital."La constitution des réseaux pourrait, dans ce domaine, amener plus d'homogénéité. "Oui, pour autant que les hôpitaux du réseau utilisent le même logiciel, ce qui n'est pas forcément le cas à l'heure actuelle. Il faut dire qu'ils ont du mal à se mettre en place", constate Isabelle Polis.