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Petite réfugiée au camp de Bourj el Barajneh, Wardi grandit adulée par son arrièregrand-père Sidi, qui se sait condamné, au milieu de sa famille.Le patriarche qui a encore connu sa maison en Palestine et qui en transmet la clé à cette fille de 11 ans, a connu la nakba, la catastrophe en arabe, et le déplacement des deux tiers de la population palestinienne en mai 1948, qui voit la création de l'État d'Israël. Certains ont combattu, mais ont perdu l'espoir d'un retour auquel les réfugiés estiment avoir droit, acceptés à peine et méprisés qu'ils sont par les populations de leur pays d'accueil, qu'il s'agisse du Liban, de la Syrie, ou de la Jordanie par exemple. D'autres sont partis plus loin : en Suède, au Chili ou au Canada.Le film de Mats Grorud, projeté notamment au Festival En Ville ! le 6 octobre, qui a travaillé comme professeur d'animation dans ce camp n'est pas misérabiliste, se veut une sorte de " Valse avec Bachir" palestinienne, romancée et poétique. Choisissant l'animation en stop et motion de marionnettes aux yeux en amande la plupart du temps (et une autre, volontairement plus pataude pour les scènes du passé), s'il met en exergue l'espoir perdu et la résignation des hommes, le réalisateur n'oublie pas l'humour presque absurde, fataliste et proche de l'humour juif, des réfugiés et insiste sur le courage des femmes.De la fuite en 1948 en passant par la lutte et l'invasion du Liban par l'armée israélienne en 1982, le siège des camps palestiniens par la milice libanaise en 86, le film décrit la capacité de "résistance", qui s'amenuise certes au fil du temps et des générations, d'une population à un sort qu'elle n'a pas choisi.