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Originaire d'un petit village situé en Hesbaye, le Dr Moniotte grandit dans un mode de vie plutôt solitaire. Sa première passion était clairement le cyclisme. Enfant, il n'avait pas la télévision, mais rusait pour suivre le tour de France et jouait avec des billes aux couleurs des maillots des coureurs. Le jeune adolescent arpentait aussi les routes de Wallonie à vélo durant des heures, très souvent seul. Il pouvait ainsi parcourir jusque 180 km sans problème! En vacances, son souhait le plus cher était de franchir des cols des Alpes et plus particulièrement tous les cols mythiques du tour de France. Il aimait tellement le cyclisme qu'il pensa un moment devenir cycliste professionnel. Mais très vite il réalisa que ce métier n'avait de sens que si l'on devenait un grand champion, qu'à 35 ans sa carrière serait déjà derrière lui. C'est alors qu'il se posa cette question décisive: "Quelle serait la profession qui me permettrait de me sentir utile, de rendre service?". La médecine lui parut une évidence. Et tant qu'à faire, autant soigner les enfants. C'est ainsi que le cyclisme et les autres loisirs ont été mis entre parenthèses, car, quand il entreprend quelque chose, Stéphane Moniotte s'y consacre entièrement, n'ayant qu'une seule idée en tête, atteindre la performance maximale. Terminer ses études avec la plus grande distinction et les félicitations du jury, entamer un doctorat en sciences et se former à l'université d'Harvard lui semblaient donc évidents. Parallèlement à son intérêt pour le cyclisme, notre interlocuteur ressentait aussi, dès le plus jeune âge, un réel engouement pour le monde animal et les oiseaux en particulier. A tel point qu'il se plongeait dans des livres durant des soirées entières. "Un jour, à l'âge de 12 ans, j'ai vu un oiseau de tout près. Ce fut une révélation. Voir en vrai l'oiseau que je j'avais vu et revu dans mes livres réveilla une flamme qui sommeillait en moi", nous confie Stéphane Moniotte. Il se lança rapidement dans cette direction. Il suivit des formations et participa à des stages en vue de devenir guide ornithologue. Cette nouvelle passion le nourrissait par tous les aspects qu'elle dégage: l'aspect scientifique, l'aspect artistique et l'aspect "nature et découverte du monde". Comme notre interlocuteur ne fait pas les choses à moitié, il les explora toutes. Rien ne pouvait lui échapper: les stations de baguages et l'étude des comportements des différents types d'oiseaux, la photographie, la réalisation d'aquarelles et l'accompagnement de petits groupes de passionnés à travers le monde. Cet ornithologue averti n'en ratait pas une. "A la période des migrations des oiseaux, je partais baguer les oiseaux toute la nuit et revenais le matin pour travailler", nous avoue-t-il. "Quant aux pays où rencontrer les plus belles espèces d'oiseaux, je citerais la Nouvelle Zélande ou le Costa Rica", ajoute ce passionné avec des étoiles plein les yeux. Observer, étudier et connaître les oiseaux, c'est déjà captivant, mais les photographier ou encore les dessiner, c'est révéler l'artiste qui se cache derrière le scientifique. Là encore, notre interlocuteur va nous surprendre. "Au-delà d'observer les oiseaux, j'ai vite pris goût à les photographier. Cependant, pour faire de gros plans, il fallait avoir des objectifs volumineux. Or à l'époque, je n'avais pas les moyens de m'en procurer. A la fin des années nonantes sont arrivés sur le marché les appareils digitaux qui avaient l'avantage d'avoir des capteurs très puissants et des objectifs de petit diamètre, à peu près de la taille de l'oculaire d'une longue vue. Alors m'est venue cette idée: acheter un de ces petits appareils numériques, le connecter à ma longue vue et prendre quelques photos dans mon jardin. Le résultat était probant, aussi j'en ai envoyé quelques-unes à mes amis ornithologues. J'ai eu rapidement des retombées incroyables. Des centaines d'appels et de questions m'ont poussé à faire un site internet qui permettait aux nombreux internautes de trouver les explications sur cette nouvelle technique. En vérité, nous étions trois à faire cette découverte à laquelle nous avons attribué le nom de Digiscoping. Nous étions les précurseurs de la création de matériel spécifique lancé sur le marché quelques années plus tard par Nikon", nous raconte l'ornithologue enthousiaste. En l'écoutant, je découvre des aquarelles d'oiseaux mises çà et là dans son bureau. Je comprends alors que l'homme assis devant moi aime vraiment absorber tous les éléments d'une passion, d'une expérience, d'une histoire. Aujourd'hui, les fonctions du Pr Moniotte, chef de service de cardiologie pédiatrique et chef du département de pédiatrie, l'occupent énormément. Il s'y investit corps et âme, comme il le fait dans tous ses engagements. Les voyages organisés par notre guide ornithologue sont un peu mis de côté, mais son besoin d'être à l'extérieur, de performer, de se dépasser est toujours bien présent. Pour ce marathonien accompli (2h50 sur la distance), pratiquer un sport, de préférence à l'extérieur, apporte de l'équilibre. "J'adore les sports d'endurance, que ce soit le vélo ou la course à pied. J'ai toujours aimé me surpasser ; même si je me sens fatigué ou s'il pleut, j'y vais, je fonce, car je sais que cette ténacité me permettra d'atteindre mes objectifs et de relever des défis toujours plus importants dans de bonnes conditions. Surpasser la difficulté, c'est vraiment ce qui me plaît." C'est dans cet état d'esprit que Stéphane Moniotte s'échappe de l'hôpital quelques midis par semaine pour un séance d'entraînement. "Quoi que vous fassiez, faites-le avec passion. Restez enthousiaste. Donnez-vous les moyens pour atteindre l'objectif que vous vous êtes fixé, ne baissez pas les bras, accrochez-vous-même si cela vous semble difficile", conclut ce passionné.