Pour les dix ans de la mort de Jean Ferrat, nous revenons sur sa région coeur : les Cévennes. Ici, les guerres, la religion et l'agriculture ont transformé les reliefs en une terre de vacances. Une destination plébiscitée par les amateurs d'un tourisme vert et culturel.

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Sur la route qui relie Uzès à Saint-Ambroix se dressent les murs d'une ruine impressionnante. Une trentaine de bénévoles s'y étaient donné rendez-vous ce premier samedi du mois. Les ruines du château d'Allègre-les-Fumades ne sont pas un castellas appartenant à un Seigneur. Il s'agit à proprement parler d'un castrum : un agglomérat de plusieurs maisons fortes reliées les unes aux autres par un mur d'enceinte. Une structure qui n'est pas sans faire penser aux " mas " imbriqués des Cévennes. Une fête médiévale s'y tient durant l'été et avec le soutien des autorités, une infime partie de l'ensemble a fait l'objet de fouilles. Une chasse au trésor qui a permis de découvrir quelques objets, parfois spectaculaires. Cette particularité architecturale a pris fin au 14e siècle. Nous sommes alors en pleine guerre de cent ans. Des impôts sont levés par les Seigneurs pour lutter contre les " routiers ", sortes de mercenaires anglais ou gascons qui pillaient les campagnes entre deux combats. Le retour de la gabelle, cet impôt prélevé sur le sel est la goutte de trop. Une émeute connue sous le sobriquet de " révolte des Tuchins " touche la région. Le peuple du Languedoc se révolte et de nombreux Seigneurs fidèles au Roi passent de vie à trépas. Allègre n'échappera pas à la vindicte. Lors de la guerre des Gaules, les termes d'Allègre accueillirent un curiste romain mieux connu sous le nom de Jules César. Une eau soufrée y jaillit des entrailles de la terre. Les bains sont actuellement en travaux mais accueilleront prochainement les amateurs du genre dans un bâtiment flambant-neuf. Il est impossible de parler des Cévennes sans évoquer les combats qui opposèrent catholiques et protestants. La construction des chemins royaux en est un chapitre moins connu. Par ordonnance du Roi Louis XIV, le 28 décembre 1689, des chemins royaux furent améliorés ou créés "afin de pouvoir faire marcher des troupes pour dissiper les assemblées protestantes et maintenir dans leur devoir les personnes mal intentionnées". C'est donc un réseau de 24 routes royales et un grand nombre de chemins de traverse qui fut établi pour quadriller la région. Pendant 10 ans, la population cévenole fut obligée, sous la contrainte, de réaliser ces chemins. Les 10 familles les plus fortunées de chaque paroisse durent fournir les fonds et la population moins riche dut payer ces routes sous forme de travail obligatoire. Les récalcitrants furent condamnés aux galères ! Ces routes militaires font désormais l'objet de sentiers de randonnée très bien fléchés qui permettent de découvrir les Cévennes de façon... royale. De la table d'orientation installée sur le site d'Allègre-les-Fumades, l'ancienne route royale serpente entre les collines transformées en jardins jusque dans la moitié du XIXe siècle. Travaillés depuis le néolithique, ces lopins glanés sur le relief subirent un abandon progressif. Vers 1850, une partie importante de la population avait rejoint les rangs ouvriers des grandes villes. Ces néo urbains revenaient néanmoins le weekend pour entretenir leur " mazet ", construit sur un coin de terre, entretenir quelques poules et lapins. Une vision nostalgique qui n'est pas sans rappeler les romans de Pagnol. Ces constructions se sont multipliées dans les années 1930. Après-guerre, beaucoup sont devenues plus confortables, agrandies pour évoluer en un lieu où l'on vient pour se reposer et se détendre en famille ou entre amis. l'agriculture ancestrale s'est alors éteinte avec la modernité et les chênes verts ont reconquis les terres. Signe des temps, ces terrasses sont défrichées çà et là pour retrouver leur occupation paysanne. Des visites sur le thème de l'art vernaculaire sont organisées à partir de l'Office du Tourisme d'Uzès.