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La SSMG et les infectiologues de l'équipe HOST Iris (Hospital Outbreak Support teams, partenariat CHU St-Pierre, CHU Brugmann et hôpitaux Iris Sud) ont travaillé de concert pour réaliser un nouvel outil à destination des médecins généralistes, et en particulier des médecins coordinateurs conseillers (MCC) confrontés à une population vulnérable. Un memento de quatre pages (à télécharger ou commander en format broché sur le site de la Société scientifique), qui se veut une aide à la fois pratique et rapide au moment de vacciner ou de traiter une IVRI. "L'idée est d'apporter un appui aux collègues, notamment dans la gestion des antibiotiques", explique le Dr Hanna Ballout, Secrétaire générale de la SSMG. "Un premier acte a déjà eu lieu grâce à l'équipe HOST au niveau du public intra-hospitalier, nous nous orientons maintenant vers la première ligne, avec les médecins généralistes, pour une aide dans la juste prescription des antibiotiques." L'outil tombe doublement à pic, en milieu de saison automnale qui voit le taux d'infections respiratoires progresser et en pleine "Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens" organisée par l'OMS du 18 au 24 novembre. "En 2019, cinq millions de décès étaient associés à l'antibiorésistance, dont 1,3 million directement attribuable à l'antibiorésistance, nous rappellent les Folia de novembre. Si on continue à gérer comme maintenant, l'antibiorésistance sera l'une des premières causes de mortalité en 2050", s'inquiète le Dr Ballout. "C'est donc un enjeu majeur de santé publique." Ce mémento peut, plus spécifiquement, intéresser les médecins coordinateurs conseillers en maisons de repos. "Ils sont directement confrontés à l'émergence d'infections nosocomiales auprès d'un public plus âgé, public-cible pour changer la prescription d'antibiotiques. Un des germes principaux de la pneumonie est le pneumocoque, or il y a un pic d'infections à partir de 50 ans. Viser ces médecins permet d'agir sur l'activité en maison de repos et sur leur activité clinique ambulatoire", précise encore Hanna Ballout. Les médecins de 50-60 ans sont également ciblés, "car ils ont davantage baignés dans une culture où les antibiotiques étaient vus comme une solution miracle, contrairement aux générations actuelles qui, via les facultés et la formation continue, reçoivent des messages de précaution, enjoignant de réserver ces médicaments à des situations cliniques où ils constituent le seul recours possible." Une campagne de sensibilisation via SMS a également eu lieu. Quelque 600 médecins s'y sont inscrits. Sept messages courts - "encore plus courts que des tweets", sourit Hanna Ballout - ont été envoyés chaque jour de la semaine. "Des recommandations cliniques par rapport à l'usage des antibiotiques dans les infections des voies respiratoires inférieures comme, par exemple, 'Le score CRB-65 nous permet d'identifier les situations de pneumonies à surveiller endéans les 48 h', ce score permettant d'évaluer la gravité d'une pneumonie acquise en communauté." Quelle est la plus grande difficulté rencontrée en pratique clinique, selon la généraliste? "On sait que mettre une antibiothérapie en place peut avoir un impact sur plusieurs mois puisqu'elle va perturber la flore locale et risquer de provoquer de nouveaux épisodes infectieux plus agressifs provoqués par des germes plus résistants. Il y a donc un niveau d'exigences à mettre en oeuvre. Nous devons nous rappeler régulièrement que nous sommes avant tout des cliniciens, avec différents outils à disposition comme le stéthoscope, l'examen clinique et d'autres outils complémentaires comme la prise de sang ou encore les frottis covid rapides, pour nous orienter vers une cause plutôt virale ou non. Il nous est possible de revoir les patients souvent, pour se (ou les) rassurer, à 24 h, 48 h et une semaine, pour surveiller l'évolution clinique et éventuellement changer d'attitude ; nous pouvons faire une prescription à distance ou encore adapter la prise en charge par consultation téléphonique. Par ailleurs, la charge de travail est intense en cette période, les germes contaminent beaucoup de gens en même temps mais tout le monde n'est pas atteint de la même manière... Le défi, pour nous, est donc de gérer cette charge de travail, tout en arrivant à stratifier suffisamment les patients qui présentent le plus grand risque et nécessitent une antibiothérapie, versus les autres qui ont des infections virales." Et de rappeler aussi le travail d'éducation du patient qui vient se greffer sur la charge de travail. "Des collègues s'étonnent par exemple en ce moment du prix élevé du nouveau vaccin anti-pneumocoque 20-valent. C'est un moyen efficace de lutter contre l'antibiorésistance, en dose unique et à vie, mais il est vrai que ce coût peut constituer un frein chez certains patients... À nous de leur expliquer, voire de proposer une alternative en commençant le schéma vaccinal avec le 23-valent, moins cher." Une fiche info à ce sujet est disponible sur le site de l'asbl Promo Santé & MG.