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En pleine crise sanitaire, les informations les plus folles ont circulé ou circulent encore parfois sur les réseaux sociaux au sujet du Covid (d'autant que la polémique du masque ou pas au printemps dernier n'a rien arrangé), à propos du vaccin, de la transmission: une "infodémie" que l'exposition proposée par le musée se devait d'analyser, fournissant au passage par l'entremise de jeux, mais aussi de vidéos ou d'exemples illustrés, les moyens au visiteur de se protéger face à la désinformation en cours ou qui court. Ceci dans la section consacrée à notre époque de "post-vérité". Certes, mais comme le démontre le propos de cette manifestation, essentiellement historique, la désinformation est forte d'une histoire très longue... aussi longue que l'humanité en fait. Dans un parcours labyrinthique (pour la sinuosité de la recherche de vérité?), elle rappelle comment Caracala a effacé des tablettes de l'Histoire la présence de son frère Gata (et pas Gafa), ou comment, au fil de l'histoire religieuse, de fausses reliques ont émergé. La plus surprenante? Celle du lait de la Vierge. Au travers d'infos présentées sous forme de mosaïques constellées de miroirs - reflets d'une vérité apparente, voire multiple? , les chimères marines apparaissent au fil des siècles, tout comme les récits de voyage inventés: ceux de Georges Pzalmanazar, Français qui se fit passer pour un habitant de Formose (pas de traces de Marco Polo, dont le périple reste pourtant sujet à caution), l'invention de l'imprimerie donnant lieu (comme internet aujourd'hui) à une diffusion du savoir et de... la désinformation, à voir notamment les traités de sorcellerie, qui envoya plus d'une femme au bûcher, ce qui est bien pire que de brûler des livres. La supercherie scientifique est également étudiée, notamment au travers du cas du fameux homme de Piltdown, découvert par Charles Dawson, lequel dupera les paléontologues avides de découvertes quarante années durant, ou, plus récemment, le lien fait entre le vaccin rougeole-oreillons-rubéole et l'autisme en 1998, que l'on mettra 12 ans à réfuter! Au travers des 200 objets présentés, d'affiches, d'images, de séquences vidéos, l'expo évoque également l'exploitation de faux patriotiques (le barde celtique Ossian en Écosse), voire de faux ennemis dans le cas de l'affaire Dreyfus. Ce qui mène tout naturellement aux Protocoles des sages de Sion, mystification grossière publiée dans la Russie tsariste au début du siècle dernier et dont la diffusion est encore d'actualité aujourd'hui! L'expo évoque encore la guerre - les leurres (parachutistes, tanks...) utilisés aussi bien par les Allemands en 40 que par les alliés en 44, les faux papiers sauvant des vies - avant d'évoquer le faussaire Hans van Meegeren, artiste de talent qui inventa... des Vermeer. La contrefaçon de monnaie ou d'objets de luxe est encore illustrée dans cette exposition qui ne développe pas assez son propos (aucune allusion aux alumnis et aux franc-maçons contrairement à l'exposition consacrée aux théories du complot à Dalheim en Allemagne l'an dernier), notamment quant à l'évocation des fake news actuelles concernant les traces laissées par les avions dans le ciel, des reptiliens dominant le monde, de la Terre qui serait plate, de la 5 G ou de la défaite de Donald Trump. Aucune allusion non plus, non pas aux mensonges d'état, mais aux omissions, au fait qu'il s'agit d'user de son esprit critique même dans le cas d'informations officielles ou émanant de canaux médiatiques traditionnels et reconnus, qui si, elles sont réelles, ne sont pas toujours la vérité... en tout cas pas dans son entièreté. Parler des fake news mais aussi des take news, (pour taken for granted) le fait de prendre une info pour acquise sans soi-même la vérifier ou la contextualiser...