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Douleur, anxiété et épuisement rythment le quotidien des patients souffrant d'un cancer, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes. Et si la bienveillance envers soi-même, les petits soins que l'on s'accorde et l'hypnose pouvaient aider à soulager en partie cette détresse, ainsi que les difficultés relationnelles qui vont souvent de pair? En 2018-2019, fort des résultats [1] encourageants (fatigue atténuée et meilleure qualité de vie) obtenus grâce à ces techniques en oncologie adulte (Charlotte Grégoire du Sensation & perception research group au GIGA-Consciousness du CHU de Liège), une étude pilote est menée auprès de neuf enfants et 13 parents. Les retours très positifs décident l'équipe à proposer une prise en charge plus routinière, complémentaire aux thérapies pharmacologiques. "Nous étions très contents des résultats: les enfants et leurs parents utilisent effectivement les outils, et l'on observe une meilleure régulation émotionnelle", explique le DR Audrey Vanhaudenhuyse, neuropsychologue, du Centre interdisciplinaire d'algologie du CHU de Liège. "L'objectif, désormais, est de pouvoir aider une quarantaine d'enfant d'ici 2025. Nous avions déjà obtenu une aide de la Fondation Léon Fredericq en 2020, le prix Gert Noël (30.000 euros, NdlR) va, à présent, nous aider dans la prise en charge des groupes, notamment pour financer des sièges de relaxation ou encore du matériel de dessin. Nous pensons également à développer, peut-être, une application pour smartphone." L'initiative s'adresse aux enfants et jeunes patients de 8 à 18 ans, quel que soit leur cancer. Elle est encadrée par le Pr Christophe Chantrain, pédiatre hémato-oncologue au CHC MontLégia, et Jennifer Marini, psychologue, tous deux collaborateurs à l'ULiège et formés à l'hypnose par la Pre Marie-Elisabeth Faymonville. "Les séances sont au nombre de six, à raison d'une par mois, et durent deux heures, en pédiatrie au CHC MontLégia", poursuit Mme Vanhaudenhuyse. "Certains enfants sont hospitalisés, d'autres sont rentrés chez eux, mais tous sont suivis en oncologie. Nous commençons la séance par l'autobienveillance, avec des exercices à refaire ensuite à la maison, afin de prendre soin de soi, d'apprendre à communiquer positivement et à s'octroyer un plaisir par jour. Les groupes "enfants" et "parents" sont séparés. La dernière demi-heure est consacrée à l'hypnose, selon différentes techniques (gestion de la douleur, qualité du sommeil, etc.). Les enfants reçoivent ensuite l'enregistrement, et nous leur demandons de pratiquer un peu chaque jour pour que cela devienne de l'autohypnose. Et les enfants le font! Ils deviennent autonomes et font appel aux techniques notamment, par exemple, quand ils doivent passer un examen médical", détaille encore Audrey Vanhaudenhuyse. "Les capacités imaginatives des enfants sont fortes, ils vivent naturellement l'autohypnose." L'initiative pourrait-elle faire des émules au-delà de Liège? "Nous espérons que cela puisse se répandre dans d'autres hôpitaux. La formation à l'hypnose du Pr Chantrain est suivie chaque année par une trentaine de personnes, donc pourquoi pas", conclut la neuropsychologue.