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Le titre de leur étude parue en février dernier dans Annals of Surgery : "High infertility rates and pregnancy complications in female physicians indicate a need for culture change" (Les hauts taux d'infertilité et les complications de grossesse chez les femmes médecins indiquent un besoin de changement de culture, NdlR). À la base de cette étude, des articles de la littérature scientifique mentionnant un risque accru de troubles de la reproduction chez les femmes médecins. Les chercheurs ont diffusé une enquête dans des groupes réservés aux médecins sur les réseaux sociaux. Les personnes interrogées devaient répondre à des questions autour des complications de grossesse, du diagnostic d'infertilité, des traitements contre l'infertilité et du cadre de travail. Il leur était également demandé si elles avaient déjà été éclairées sur ces sujets. Les résultats ont ensuite été comparés avec les données de la population générale, des sous-spécialités chirurgicales et médicales et des médecins qui avaient ou non été informés des risques d'une grossesse à un âge avancé. Quelque 4.533 médecins ont répondu au questionnaire. Les femmes médecins ont leur premier enfant environ huit ans plus tard que le reste de la population. Elles réalisent quatre fois plus souvent un test de fertilité et suivent deux fois plus souvent un traitement pour stimuler celle-ci. De plus, elles subissent deux fois plus de fausses couches et d'accouchements précoces. Au cours de leur formation, 8% seulement des personnes interrogées disent avoir été éclairées sur les risques d'une grossesse à un âge plus avancé. Les femmes médecins informées seraient incroyablement moins exposées à une fausse couche et risqueraient moins de devoir passer un test de fertilité ou de suivre un traitement. Au cours de leurs études et dans leur pratique, les chirurgiennes sont plus souvent découragées de fonder une famille que les autres. Les chercheurs plaident entre autres pour un meilleur aménagement des congés pour les femmes médecins et conseillent de mieux les informer. Dans un commentaire paru dans le Nederlands Tijdschrift voor Geneeskunde, l'auteur Marc Spaanderman qualifie l'étude de 'fragile'. "Le fait que presque toutes les participantes présentent une situation familiale particulière suggère qu'il y a ici un biais de sélection. L'absence d'un véritable groupe de contrôle rend l'interprétation compliquée." Néanmoins, le professeur d'obstétrique fait remarquer que l'étude "met en lumière des questions génériques pour nous en tant que groupement professionnel, mais aussi pour les employeurs ayant un rôle d'exemple". Les législations autour de la charge de travail pendant et après la grossesse sont en outre très différentes aux USA, en Belgique et aux Pays-Bas. "Une législation uniforme protégeant la grossesse au niveau de la charge de travail pendant et après la grossesse permettrait aux femmes médecins de travailler dans un climat plus sûr et plus productif", conclut-il.