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J ean-Noël Godin, qui représenta longtemps le gouvernement au sein de la ComPlan fédérale, a rappelé la proposition du GBO que la médecine générale soit représentée à la Commission FWB par ses composantes (Absym, GBO, FAMGB, FAGW, SSMG, trois CUMG) au sein du Collège de médecine générale. Certains membres sont d'ailleurs également membres de la ComPlan fédérale. J-N Godin a, premièrement, appelé à ne pas faire comme la Commission fédérale, qui base ses travaux sur l'offre de médecins et une "consommation" de soins constante sans tenir compte des besoins réels de la population et en particulier de besoins non rencontrés. "La consommation de soins varie d'une Région à l'autre. Mais ceux qui consomment peu, il peut s'agir d'un problème d'accessibilité au sens large (financière mais pas seulement), des patients qui ont des besoins non-rencontrés, qui nécessitent plus de soins. Ou au contraire des patients qui consomment trop. Idem pour la pénurie de médecins. La force de travail se modifie également: le médecin d'il y a 50 ans qui faisait ses 80 heures par semaine fait partie du passé. Derrière les chiffres bruts, il y a aussi des réalités très différentes, pas forcément communautaire, parfois intra-Région."Deuxièmement, note J-N Godin, la ComPlan fédérale confond aussi les besoins de soins et les besoins de médecins: on ne se pose pas la question de savoir si des besoins en soins doivent être rencontrés par des médecins ou par une autre profession médicale. Ce qui implique de revoir la loi sur les professions de santé au niveau des compétences de chaque profession, précise Jean-Noël Godin. "C'est toute la problématique des silos. Chaque groupe de travail de la ComPlan fédérale fonctionne pour son pré carré. Il y a deux ans, Maggie De Block a voulu déléguer quatre actes médicaux par des infirmières (recherche de fécalome, prise de tension artérielle, etc.) ; ce fut un tollé au sein de la profession infirmière. Alors que chacun pourrait prendre des missions de professionnels de soins situés au-dessus dans la hiérarchie. Par exemple, avec la télémédecine, des généralistes pourraient collaborer directement avec des ophtalmologues et des dermatologues pour faire le premier tri dans ces deux spécialités. Il faut revoir la compétence au niveau des actes entre les différents professionnels de soins (infirmières de pratique avancée/médecin, etc.)."Le fil rouge est le besoin de la population du professionnel de soins adéquat. Le GBO n'a plus de problème avec la délégation d'actes étant donné la charge de travail des MG. Mais il ne voit pas cela en termes de "partage d'un gâteau" et de rémunération. "J'ai personnellement pris rendez-vous chez un opthalmo. Impossible avant février 2022... Quatre mois! Or il existe aujourd'hui une app' sur GSM qui permet en temps réel à l'oculiste d'examiner le fond de l'oeil. Si c'est très grave, il peut alors voir le patient en urgence."Troisièmement: comment les Communautés française et flamande s'entendent-elles pour s'assurer de répondre aux besoins des régions puisqu'on ne sait pas où les médecins vont s'installer? En particulier, comment les Communautés flamandes et francophones peuvent conjointement répondre aux besoins de la population de la Région bruxelloise? "On ne tient pas compte de médecins stagiaires venant de l'étranger ou d'autres Régions. Il faut savoir que les étudiants diplômés obtiennent le numéro Inami puis une fois leur stage terminé, le droit européen leur permet de s'installer en nombre illimité. Donc c'est un problème européen qu'on ne peut gérer seulement en termes belges." "Par ailleurs, les besoins devraient être gérés par sous-région. En Flandre, seul l'hôpital de la VUB est sur territoire bruxellois mais deux des trois hôpitaux académiques francophones sont situés à Bruxelles! On ne sait pas si les stagiaires une fois diplômés s'installeront à Bruxelles ou dans les deux Brabant, à Namur, à Charleroi... Or les deux Communautés flamandes et francophones sont compétentes pour Bruxelles mais ne se parlent pas sur la question de savoir combien de médecins elles "installeront" en région bruxelloise. C'est une sorte de tabou."Le directeur du GBO émet, pour terminer, la possibilité qu'on publie une planification à l'installation comme en Italie ou en Norvège. Par exemple, les Lombards sont envoyés en Sardaigne, les Napolitains en Toscane, etc.