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Historien spécialiste des couleurs et de l'héraldique, Michel Pastoureau en est tout naturellement venu via ce dernier biais à s'intéresser à la symbolique puis l'histoire culturelle des animaux. Après l'ours, le loup et le taureau, le voici qu'il se penche sur la manière dont l'humanité a considéré le corbeau et quels vertus ou défauts elle lui a attribué au cours des siècles. Dans l'antiquité le corbeau était considéré comme le messager des dieux chez les Celtes et les Vikings notamment ; les grecs, bien que représentant Apollon affublé d'un corbeau, Athéna d'une corneille, lui accorde le même rôle mais de façon plus nuancée puisqu'il est déjà délateur! (ce qui annonce déjà le célèbre corbeau d'Henri-Georges Clouzot). Dès que la Chrétienté apparaît, le corbeau y est opposé à la colombe, devient l'animal associé au diable, chronophage qui dévore les yeux des morts. De son érudition vulgarisatrice, Michel Pastoureau nous signale en passant que la fable du corbeau et du renard se retrouve déjà sur la célèbre tapisserie de Bayeux, que le volatile est un autre personnage berneur du roman de renard, voleur de fromage lui-même avant de se faire piéger à son tour par le goupil. Messager, le corbeau l'est encore au 19e et 20e siècle mais de la mort cette fois dans la nouvelle éponyme ( Le corbeau) d'Edgar Allan Poe, de façon prémonitoire dans Le champ de blé aux corbeaux, qui serait le dernier tableau peint de son vivant par Vincent van Gogh, dans Les oiseaux d'Hitchcock où ils ne l'annoncent plus mais l'apporte (curieusement aucune référence au corbeau de Maléfice, qui est son messager dans la belle au bois dormant de Walt Disney). Cet ouvrage passionnant, illustré de reproductions superbes (notamment L'arbre aux oiseaux de Jan Van Kessel, peintre animalier anversois de la Renaissance ou L'arbre aux corbeaux d'un romantique mélancolique signé Caspar Friedrich), se termine sur les dernières découvertes zoologiques quant aux capacités cognitives remarquables du corbeau, qui en font l'oiseau le plus intelligent, voire même l'égal des grands singes. Bref, de ce corbeau on peut en faire en effet tout un fromage