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John Cale est un homme de chiffres, ou du moins il l'est devenu du fait de sa longévité: 80 ans, une carrière de six décennies et dont une, la dernière, sans nouveau matériel."Mercy" est donc un album peaufiné à l'extrême, aérien, nocturne, d'un électronique dépouillé, flirtant parfois avec le trip-hop sur "Everlasting days" (en compagnie de Animal Collective), la voix de crooner sous stupéfiants de l'ancien Velvet Underground sur le planant "Story of blood" étant soutenue en arrière-fond par celle, parfois proche de Nico, de Weyes Blood. "Moonstruck" porte d'ailleurs le sous-titre de "Nico's song", et possède en effet ce côté apesanteur et appesanti qui "plane" de manière générale sur tout l'album. Même si un titre comme "Night Crawling" est plus rythmé, voire énervé (tout comme "The Legal Statut of Ice" et sa rythmique très "Underworld"), possède ce côté électro dénudé et habité d'un Archive (le final et grandiose "Out of Your Window"), cet album est lesté d'un ralentissement général, d'un slow motion (accentué sur "Marilyn Monroe's Legs" et "Noise of You") qui évoque à la fois les 'vols planés' d'un Brian Eno ("Not the End of The World") et l'opéra de chambre claustrophobique composé par le Belge Nicholas Lens en compagnie de Nick Cave voici deux ans: une ambiance de post-covid long laissant des traces sur les portées, qui donne à ce bel ensemble une teinte joliment crépusculaire.