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Entièrement rénové, rénovation pas encore totalement parachevée - deux salles, sur les sept, étant encore fermées pour quelques mois-, le bâtiment de style néo-classique empreint de sobriété a troqué, du moins dans ses entrailles, un style suranné pour une muséographie aérienne et épurée, qui, sous des vitrines translucides fort bien éclairées (par la lumière et les cartels), met en exergue le patrimoine exceptionnel qu'il abrite. C'est que, dans une Belgique romanisée et qui est déjà un noeud de communication, Arlon est un véritable carrefour à l'intersection des voies romaines reliant Trêves à Reims et Tongres à Metz (preuve de l'antériorité limbourgeoise? ) qui fait d'elle une ville-étape. Des traces spectaculaires du passé romain ont été découvertes à Arlon et les environs au cours des siècles, notamment au niveau des monuments funéraires: magnifique fragment aux cavaliers romains sculptés, impressionnante stèle funéraire de Gaius Lulius Maximus rehaussée d'une épitaphe, imposant mausolée de Vervicius et Vervicia, ont notamment été découverts à Arlon même, au cours des deux siècles précédents, et peuplent, parmi d'autres témoignages, une première salle, à l'instar d'une sculpture de sanglier, preuve que les "locaux" n'ont pas attendu deux millénaires pour avoir une ardeur d'avance. Une vision équestre de la déesse gauloise Epona, découverte à Virton cette fois, démontre la volonté romaine d'intégrer les traditions et cultures "indigènes" et donc gauloises en l'occurrence dans leur sphère d'influence. La deuxième salle fait la part belle aux nécropoles de la région, de Messancy en passant par Tintigny ou Herbeumont. L'occasion de découvrir, outre des objets usuels des statues, notamment de déesse mère, d'étonnants petits balsamaires (flacons à parfum) en verre, ou d'imposantes sculptures de pommes de pin, symbole d'immortalité ; à Weyler, l'on a même trouvé un casque de fer complètement préservé. La thématique de la vie quotidienne et de la religion donne à voir notamment des lampes à huile intactes, de très jolies figurines de coqs (gaulois? ) en cuivre ou des Vénus en pierre blanche. Également des pièces de monnaie romaines à l'effigie de Constantin ou d'Antonin le Pieux, ainsi que des mosaïques et des vestiges de thermes d'Orolaunum (nom romain d'Arlon). La vie dans la cité, qui au départ n'est qu'une bourgade - un vicus, propose un tour des différents artisans qui y prospèrent: les fours de potiers mettent en exergue l'art de la céramique, des outils en fer évoquent le travail du bois, des instruments celui de l'écriture, mais on y trouve aussi de la laine et des ustensiles pour la préparation des aliments. L'agriculture est également illustrée grâce aux découvertes réalisées sur le site de la villa de Mageroy, dotée d'un étang dans lequel a été retrouvé quasiment intact et préservé de façon miraculeuse par les éléments naturels, entre autres une imposante spatule en bois longue d'un bon mètre. Enfin, dans la salle des expos temporaires, on y retrouve les trésors du voisin ardennais de Libramont. Cette salle est dédiée à la civilisation celte et est en phase de rénovation complète actuellement. Ce musée, qui existe depuis 1985, est le résultat de fouilles de tombelles opérées dans la région, lesquelles ont permis notamment d'exhumer des boucles de ceinturon en bronze, coutelas en fer, des vases triconiques en terre cuite, des fibules en fer, des appliques décoratives dans ces tombes dont les morts étaient soit inhumés ou incinérés. À Neufchâteau, une énorme torque a notamment été mise à jour, un objet des plus spectaculaires provenant d'un trésor, souvent créé d'éléments de petites dimensions. Les Celtes utilisaient énormément le bois, qui n'a pas toujours la chance d'être préservé par les bienfaits de la nature. Alliant héritage gallo-romain et exposition celte, le musée d'Arlon se situe actuellement au carrefour entre les musées de Mariemont et de Tongres!