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Le secteur des énergies durables, ce sont les sociétés produisant de l'électricité verte, mais également celles utilisant ces énergies, comme les constructeurs de voitures électriques. Dans le premier camp figurent par exemple Enphase Energy, société active dans le photovoltaïque, ou Plug Power, axée sur les piles à combustible à hydrogène. Dans le second, on trouve l'américain Tesla, mais également le chinois NIO. Il faut y ajouter les entreprises livrant les matériaux utilisés par les précédentes. À l'instar d'Albemarle, qui produit notamment du lithium. Ces cinq entreprises figurent aux cinq premières places de l'indice Nasdaq Clean Edge Green Energy (Cels), qui regroupe les principales sociétés actives dans l'énergie verte et, bien sûr, cotées sur la Bourse technologique Nasdaq. Prenons cet indice à témoin pour juger du secteur. Qu'enseigne son évolution? Cet indice fut lancé le 17 novembre 2006 déjà, avec une base de 250 points. Il s'est franchement emballé l'année suivante, dépassant la barre des 400 peu avant la fin 2007. Un bon début? Un feu de paille, en réalité, car il était visiblement trop tôt: 11 ans plus tard, soit fin 2018, on retrouve l'indice aux environs de 220 à peine. Il n'a toujours pas retrouvé le niveau 400 quand survient le krach Covid de mars 2020, mais il explose ensuite jusqu'à dépasser 1.150 points le 9 février dernier! C'était sauter pour mieux reculer, car il plonge à 713 points le 13 mai, une chute de 38% en un peu plus de trois mois. Il regagne une centaine de points dans les semaines qui suivent. On peut tirer plusieurs enseignements de cette évolution. D'abord, que le secteur est volatil. Ce n'est guère surprenant pour des entreprises pionnières, dont bon nombre ne sont pas encore rentables. Il en va de même pour les biotechs, notamment. Autant il serait judicieux d'inclure dans son portefeuille un fonds spécialisé sur ce secteur, autant il s'impose de veiller à ce qu'il reste bien diversifié. Autre enseignement: les énergies vertes sont très longtemps restées à la traîne! Il n'était vraiment pas urgent de s'y précipiter avant 2019. Une interrogation par contre: même corrigée ces derniers mois, l'explosion des cours n'est-elle pas devenue excessive? L'indice a en effet gagné pas moins de 240% en un an. Une réponse très empirique d'abord: avec pour poste principal (8,4%) l'action Tesla, il n'est guère étonnant que l'indice ait explosé l'an dernier, puisque ce titre a bondi de quelque 700%. En réalité, le constructeur chinois NIO, second poste de l'indice (7,2%), a davantage encore contribué à cet envol, puisque son action a explosé de moins de quatre à près de 50 dollars. Il s'est toutefois produit quelque chose de beaucoup plus fondamental l'an dernier: prises globalement, les 53 entreprises composant l'indice sont devenues rentables au premier trimestre 2020. Dans le sillage de Tesla, qui s'était teintée de vert au second semestre 2019. Pour l'ensemble de l'année en cours, les bénéfices de ces 53 sociétés sont attendus au-delà de huit milliards de dollars, sur un chiffre d'affaires flirtant avec les 118 milliards. La marge bénéficiaire nette atteindrait ainsi d'emblée 7%, soit un fifrelin à peine de moins que les 7,2% dégagés par les 500 premières entreprises des États-Unis. D'après l'étude réalisée par les économistes de Nasdaq, cette rentabilité pourrait dépasser 10% en 2023. " Avec un return de 185% en 2020 pour l'indice Nasdaq Clean Edge Green Energy, on pouvait se demander si l'on n'assistait pas à un phénomène de bubble and bust (ndlr: une bulle et son éclatement) semblable à ce qui est arrivé au début des années 2000 pour les entreprises Internet", écrivent d'abord ces économistes. Avant de conclure sur un ton résolument positif: "Notre étude des éléments fondamentaux indique que l'envolée de l'indice l'an dernier fut essentiellement due à l'amélioration de la rentabilité du secteur et à des perspectives plus brillantes."