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Petit livre passionnant mais qui, en se focalisant uniquement sur le côté 'informatique' de cette dérive démocratique, en oublie que l'émergence du populisme est bien antérieure aux réseaux sociaux: Berlusconi en Italie, Reagan ou Bush Junior aux États-Unis, Netanyahou en Israël, le Front national de Jean-Marie Le Pen en France, Orban et d'autres populistes en Europe de l'Est ou Eltsine et Poutine en Russie. Par ailleurs, et pour revenir à la question de l'utilisation des instruments digitaux à des fins politiques, Éric Schmidt, ancien patron de Google, prit en charge la campagne d'Obama en 2008 et 2012, tandis qu'Emmanuel Macron développa également une équipe digitale très performante et fut élu en tant que "populiste du centre", comme une sorte de Matteo Renzi français. Un politicien italien dont da Empoli fut le conseiller et dont il parle, à son sujet, dans le livre, de "leadership innovant"... Bien sûr qu'internet a joué un rôle, mais il ne faudrait pas tomber dans le piège rassurant qui consiste à croire que l'élection de Trump, le Brexit ou le succès de la Ligue du Nord ou des Cinque Stelle italiens ne sont dus qu'à une manipulation... La corruption endémique en Italie, le décervelage systématique de la société américaine, le sentiment fallacieux de croire qu'ils sont toujours un empire pour les Anglais - lesquels ont toujours été des Européens par défaut... quand ils l'étaient -, l'ultralibéralisme qui vient de manière extrêmement brutale remplacer le système communiste dans les anciens pays du Rideau de fer, sont les ferments et les causes de cette montée populiste, que nos sociétés, et ceux qui la commentent, feraient mieux d'affronter... plutôt que de dénier.