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La guerre en Syrie a fait des ravages, humains bien entendu, mais aussi patrimoniaux. La ville martyre d'Alep, inscrite au patrimoine de L'Unesco depuis 1986, a vu sa vieille ville endommagée à plus de 60% et 30% totalement détruite. Dès le 23 avril 2017, alors que l'armée d'Assad y a à peine repris pied dans la cité martyre, la société française Iconem réalise un relevé aérien de la ville, avant que ses habitants, les survivants en tout cas, ne se la réapproprient et reconstruisent avec des moyens de fortune leurs domiciles et lieux de vie. Se faisant, la start-up parisienne a pu ensuite modéliser la ville à 85%, obtenant une représentation qui permet de conserver et documenter l'état de la vieille ville et de ses destructions. Répartis sur quatre écrans dont trois géants, défilent les sept lieux majeurs de ce joyau du Moyen-Orient, notamment les vestiges du temple hittite datant du 16e siècle avant notre ère, plutôt préservés des bombardements, comme, paradoxalement, la citadelle, reconstruite par les mamelouks en 1292. Ce n'est par contre pas le cas de la maison Beit Achiqbash, située dans le quartier chrétien et musée des arts et des traditions populaires, de ces lieux de vie animés qu'étaient les 37 souks, couvrant une longueur totale de 13 kilomètres. Les destructions les plus spectaculaires concernent la madrasa, ancienne cathédrale transformée en école islamo-religieuse (mélange byzantin et islamique au niveau de l'architecture), et la mosquée des Omeyyades, plus bel exemple d'architecture médiévale du pays, dont on doute qu'elles soient le fait de l'EI. Reste qu'il émane de ces images en 3D réalisées dans le but d'une collecte mémorielle, une beauté fracassante, celle de la destruction qui étrangement hypnotise et captive. Même s'il ne s'agit que de vues remodélisées et virtuelles, un étrange sentiment de voyeurisme vous saisit devant ces cadavres... de pierre.