Rapidement, les joueurs finlandais et danois remarquent que l'incident est grave. L'arbitre appelle directement l'équipe médicale sur le terrain. Le médecin de l'équipe danoise accourt avant que l'équipe médicale du tournoi ne le rejoigne. C'est alors une succession d'images éprouvantes, où l'équipe médi cale tente de ramener Eriksen à la vie. Un combat qui dure près d'une demi-heure, avant que le joueur ne soit raccompagné dans les vestiaires dans un brancard entouré de draps blancs... Le stade est médusé, mais le joueur est en réalité conscient: l'équipe médicale a réagi à temps.

Les gestes qui sauvent

Que s'est-il passé? Le joueur a été victime d'un malaise cardiaque en plein match. "J'ai été appelé sur le terrain quand Christian s'est effondré. Je ne l'avais pas vu moi-même tomber, mais c'était clair qu'il était inconscient. Quand je suis arrivé près de lui, il était sur le côté, il respirait et je pouvais sentir son pouls, mais soudain, tout a changé et comme tout le monde a pu le voir, nous avons commencé à lui faire un message cardiaque", explique le Dr Morten Boesen, médecin de l'équipe nationale danoise. "L'équipe médicale (du tournoi) est vite arrivée et avec leur aide, nous avons fait ce que nous devions faire. Nous avons réussi à faire revenir Christian."

Il était parti et nous avons fait un massage cardiaque pour le ressusciter", témoigne le Dr Boesen.

"C'est la définition même de la mort subite du sportif. Il n'y a pas de signes avant-coureurs, même si dans la plupart des cas qui apparaissent avant 35 ans, c'est lié à une cardiomyopathie hypertrophique", commente le Pr Jean-François Kaux, responsable de la structure SportS2, reconnue par la Fédération internationale de football (Fifa), qui regroupe les médecins et paramédicaux de l'Université et du CHU de Liège qui ont des compétences dans la prise en charge des sportifs. "L'anamnèse, l'échocardiographie, les tests à l'effort et les autres tests préventifs ne permettent pas d'éliminer toutes les causes de la mort subite. Le meilleur moyen d'agir est donc de former les coéquipiers, l'entraîneur, les arbitres aux gestes de premier secours. C'est ce qui a bien fonctionné ce samedi. L'arbitre a très vite réagi. La défibrillation a eu lieu rapidement, ce qui est très important."

Cause inconnue

Depuis, Christian Eriksen va mieux. Il est en observation au Rigshospitalet de Copenhague. "C'était un arrêt cardiaque pour une raison encore inconnue", reconnaît le Dr Boesen. "Pour l'instant, nous n'avons pas d'explication. Je ne connais pas les détails, je ne suis pas cardiologue."

"Je dois encore faire des examens à l'hôpital, mais je me sens bien", a pour sa part réagi Eriksen, mardi. "Nous voulons comprendre ce qu'il est passé", a confié son agent à la Gazzetta dello Sport. Le Dr Piero Volpi, médecin de l'Inter Milan (club du joueur danois), a précisé au quotidien italien qu'Eriksen n'a jamais montré aucun problème cardiaque. "Il n'y avait jamais eu le moindre épisode qui aurait laissé entrevoir un problème, ni de près ni de loin, ni quand il était à Tottenham ni à l'Inter. En Italie, les contrôles sont très stricts."

Rejouera, rejouera pas?

La réponse est mitigée. Le Dr Sanjay Sharma, qui a côtoyé le joueur à Tottenham, estime qu'il a peu de chances de rejouer. "La bonne nouvelle est qu'il va vivre, la mauvaise est qu'il est probablement arrivé à la fin de sa carrière. Au Royaume-Uni, il ne serait de toute façon pas autorisé à jouer, nous sommes très stricts à ce sujet. Cela peut paraître grossier, mais Eriksen est mort pendant quelques minutes. Les professionnels de la santé vont-ils prendre le risque de le laisser mourir à nouveau? La réponse est non."

Le Dr Emmanuel Orhant, directeur médical de la Fédération française de football, estime quant à lui que le Danois n'aura a priori aucune séquelle. "Il n'y aura pas de séquelle car son cerveau a toujours été oxygéné, d'où l'intérêt d'avoir un massage cardiaque", explique le médecin à l'AFP . "À partir du moment où il repart sur de bonnes bases, qu'à aucun moment le cerveau n'a manqué d'oxygène et qu'il a un coeur sain, il n'y a aucun problème et il n'y aura aucune séquelle."

"Tout dépendra de ce que les différents tests vont révéler", développe le Pr Kaux. "Si on constate que c'est une cardiomyopathie hypertrophique qui a causé l'arrêt cardiaque, il ne pourra plus jouer. Lilian Thuram, champion du monde avec la France en 1998, a dû arrêter sa carrière suite à la détection d'un problème cardiaque lors de son transfert au PSG alors qu'il avait 36 ans. Son frère en était mort en jouant au basket. Cela dépendra donc de ce que les tests et surtout de ce que les cardiologues diront."

Certains joueurs ont pu continuer leur carrière après un problème cardiaque. C'est le cas de Daley Blind, opéré pour une myocardite fin 2019. Le joueur, international néerlandais, est depuis équipé d'un défibrillateur automatique implantable. Dispositif qui s'est d'ailleurs déclenché en août 2020. Le joueur a pourtant participé au match des Pays-Bas dimanche, non sans inquiétude. "J'ai eu beaucoup de mal avec ça, mais je suis fier de l'avoir fait", a expliqué le joueur à la chaîne néerlandaise NOS.

Un événement loin d'être isolé

Un Euro de football, ce sont des millions d'yeux rivés vers les écrans. Des yeux parfois profanes. Si l'événement semble incroyable, il n'est en fait pas isolé. D'aucuns se souviennent peut-être de la chute identique de Marc-Vivien Foé, international camerounais alors âgé de 28 ans, lors d'un match contre la Colombie en 2003. Une première devant les caméras. "En 2003 à Lyon, pendant la Coupe des confédérations, la réaction à la suite du malaise de Marc-Vivien Foé avait été catastrophique", explique Laurent Chevalier, coprésident du club des cardiologues du sport au journal L'Équipe. "Le Camerounais s'était effondré, il était allongé sur la pelouse et personne n'était intervenu. Il était sorti sur une civière sans avoir été pris en charge. Il était déjà mort. C'est d'ailleurs cet accident qui a déclenché la prise de conscience des instances internationales du football et la mise en place d'une nouvelle procédure permettant aux médecins d'avoir accès au terrain sans autorisation de l'arbitre. À l'époque, il fallait qu'il autorise le personnel médical à accéder au terrain. Heureusement, tout cela a progressé."

Depuis des mesures de suivi des joueurs et la présence de défibrillateur est obligatoire dans les stades. "Au début des années 2000, on ne trouvait quasiment pas de défibrillateurs externes dans les lieux publics. Aujourd'hui, on en trouve quasiment partout", confirme Jean-François Kaux.

Rapidement, les joueurs finlandais et danois remarquent que l'incident est grave. L'arbitre appelle directement l'équipe médicale sur le terrain. Le médecin de l'équipe danoise accourt avant que l'équipe médicale du tournoi ne le rejoigne. C'est alors une succession d'images éprouvantes, où l'équipe médi cale tente de ramener Eriksen à la vie. Un combat qui dure près d'une demi-heure, avant que le joueur ne soit raccompagné dans les vestiaires dans un brancard entouré de draps blancs... Le stade est médusé, mais le joueur est en réalité conscient: l'équipe médicale a réagi à temps. Que s'est-il passé? Le joueur a été victime d'un malaise cardiaque en plein match. "J'ai été appelé sur le terrain quand Christian s'est effondré. Je ne l'avais pas vu moi-même tomber, mais c'était clair qu'il était inconscient. Quand je suis arrivé près de lui, il était sur le côté, il respirait et je pouvais sentir son pouls, mais soudain, tout a changé et comme tout le monde a pu le voir, nous avons commencé à lui faire un message cardiaque", explique le Dr Morten Boesen, médecin de l'équipe nationale danoise. "L'équipe médicale (du tournoi) est vite arrivée et avec leur aide, nous avons fait ce que nous devions faire. Nous avons réussi à faire revenir Christian.""C'est la définition même de la mort subite du sportif. Il n'y a pas de signes avant-coureurs, même si dans la plupart des cas qui apparaissent avant 35 ans, c'est lié à une cardiomyopathie hypertrophique", commente le Pr Jean-François Kaux, responsable de la structure SportS2, reconnue par la Fédération internationale de football (Fifa), qui regroupe les médecins et paramédicaux de l'Université et du CHU de Liège qui ont des compétences dans la prise en charge des sportifs. "L'anamnèse, l'échocardiographie, les tests à l'effort et les autres tests préventifs ne permettent pas d'éliminer toutes les causes de la mort subite. Le meilleur moyen d'agir est donc de former les coéquipiers, l'entraîneur, les arbitres aux gestes de premier secours. C'est ce qui a bien fonctionné ce samedi. L'arbitre a très vite réagi. La défibrillation a eu lieu rapidement, ce qui est très important."Depuis, Christian Eriksen va mieux. Il est en observation au Rigshospitalet de Copenhague. "C'était un arrêt cardiaque pour une raison encore inconnue", reconnaît le Dr Boesen. "Pour l'instant, nous n'avons pas d'explication. Je ne connais pas les détails, je ne suis pas cardiologue.""Je dois encore faire des examens à l'hôpital, mais je me sens bien", a pour sa part réagi Eriksen, mardi. "Nous voulons comprendre ce qu'il est passé", a confié son agent à la Gazzetta dello Sport. Le Dr Piero Volpi, médecin de l'Inter Milan (club du joueur danois), a précisé au quotidien italien qu'Eriksen n'a jamais montré aucun problème cardiaque. "Il n'y avait jamais eu le moindre épisode qui aurait laissé entrevoir un problème, ni de près ni de loin, ni quand il était à Tottenham ni à l'Inter. En Italie, les contrôles sont très stricts."La réponse est mitigée. Le Dr Sanjay Sharma, qui a côtoyé le joueur à Tottenham, estime qu'il a peu de chances de rejouer. "La bonne nouvelle est qu'il va vivre, la mauvaise est qu'il est probablement arrivé à la fin de sa carrière. Au Royaume-Uni, il ne serait de toute façon pas autorisé à jouer, nous sommes très stricts à ce sujet. Cela peut paraître grossier, mais Eriksen est mort pendant quelques minutes. Les professionnels de la santé vont-ils prendre le risque de le laisser mourir à nouveau? La réponse est non." Le Dr Emmanuel Orhant, directeur médical de la Fédération française de football, estime quant à lui que le Danois n'aura a priori aucune séquelle. "Il n'y aura pas de séquelle car son cerveau a toujours été oxygéné, d'où l'intérêt d'avoir un massage cardiaque", explique le médecin à l'AFP . "À partir du moment où il repart sur de bonnes bases, qu'à aucun moment le cerveau n'a manqué d'oxygène et qu'il a un coeur sain, il n'y a aucun problème et il n'y aura aucune séquelle.""Tout dépendra de ce que les différents tests vont révéler", développe le Pr Kaux. "Si on constate que c'est une cardiomyopathie hypertrophique qui a causé l'arrêt cardiaque, il ne pourra plus jouer. Lilian Thuram, champion du monde avec la France en 1998, a dû arrêter sa carrière suite à la détection d'un problème cardiaque lors de son transfert au PSG alors qu'il avait 36 ans. Son frère en était mort en jouant au basket. Cela dépendra donc de ce que les tests et surtout de ce que les cardiologues diront."Certains joueurs ont pu continuer leur carrière après un problème cardiaque. C'est le cas de Daley Blind, opéré pour une myocardite fin 2019. Le joueur, international néerlandais, est depuis équipé d'un défibrillateur automatique implantable. Dispositif qui s'est d'ailleurs déclenché en août 2020. Le joueur a pourtant participé au match des Pays-Bas dimanche, non sans inquiétude. "J'ai eu beaucoup de mal avec ça, mais je suis fier de l'avoir fait", a expliqué le joueur à la chaîne néerlandaise NOS. Un Euro de football, ce sont des millions d'yeux rivés vers les écrans. Des yeux parfois profanes. Si l'événement semble incroyable, il n'est en fait pas isolé. D'aucuns se souviennent peut-être de la chute identique de Marc-Vivien Foé, international camerounais alors âgé de 28 ans, lors d'un match contre la Colombie en 2003. Une première devant les caméras. "En 2003 à Lyon, pendant la Coupe des confédérations, la réaction à la suite du malaise de Marc-Vivien Foé avait été catastrophique", explique Laurent Chevalier, coprésident du club des cardiologues du sport au journal L'Équipe. "Le Camerounais s'était effondré, il était allongé sur la pelouse et personne n'était intervenu. Il était sorti sur une civière sans avoir été pris en charge. Il était déjà mort. C'est d'ailleurs cet accident qui a déclenché la prise de conscience des instances internationales du football et la mise en place d'une nouvelle procédure permettant aux médecins d'avoir accès au terrain sans autorisation de l'arbitre. À l'époque, il fallait qu'il autorise le personnel médical à accéder au terrain. Heureusement, tout cela a progressé." Depuis des mesures de suivi des joueurs et la présence de défibrillateur est obligatoire dans les stades. "Au début des années 2000, on ne trouvait quasiment pas de défibrillateurs externes dans les lieux publics. Aujourd'hui, on en trouve quasiment partout", confirme Jean-François Kaux.