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Retour dans la vallée afin de découvrir une autre citadelle Vauban, celle de Villefranche-de-Confluent, qui, comme son nom l'indique, se situe à la confluence du Têt et du Cady et constitue un verrou stratégique entre les deux vallées, auxquelles s'ajoute celle de la Rotja. Cette cité qui, comme son nom l'indique à nouveau, était une ville nouvelle, crée au 11e siècle par le comte de Cerdagne (la plaine en haut): ce seigneur voulait en faire sa capitale, en lui accordant le statut de ville libre d'impôts afin d'y attirer des habitants. Dotée d'une charte et d'un beffroi, cette place forte qui a conservé ses murailles impressionnantes et ses tours, ainsi que ses portes de France et d'Espagne, était un passage obligé jusqu'au début du 20e siècle sur la route des Pyrénées et de la Péninsule ibérique. Lorsqu'en 1654 elle tombe aux mains des Français et cinq ans plus tard par le traité des Pyrénées intègre définitivement le royaume de France, mandaté par Louis XIV, Vauban renforce les défenses de la ville, prévoit une courtine, c'est-à-dire un chemin de ronde couvert. Aujourd'hui la ville, qui ne compte plus que 200 habitants, a conservé intactes ses maisons à arcade où s'égayaient au Moyen Âge des commerces autour de la laine. La place du marché, qui connut son apogée au 14e siècle, est gardée par l'église romane en marbre rose, coiffée d'un tour de défense à l'entrée décorée de chapiteaux zoomorphes et par le beffroi et la viguerie où logeait le Bailly local, devenue depuis la municipalité. La ville, cohérente, est dans un excellent état de conservation. Villefranche survécut aux siècles grâce au travail du fer qui eut lieu dans la région et celle du mont Canigou jusque dans les années 60 pour les dernières exploitations, la mise en valeur (un peu trop) touristique de la ville commençant débuts des années 60. Ville de garnison, la cité accueillit jusqu'à 200 soldats qui logeaient chez l'habitant puis dans deux petites casernes. Mais l'un des derniers chefs-d'oeuvre du vieillissant Vauban s'inscrit dans cette ville surnommée "la sentinelle des Pyrénées" et fut créée en 1680 lorsque ce dernier, déjà auteur d'un pont couvert à meurtrière sur le Têt, conçoit une citadelle, le Fort Libéria, surplombant la ville que l'on peut rejoindre soit par un sentier, mais surtout un escalier souterrain datant du 19e, mais prévu par Vauban deux siècles plus tôt: escalier de 1.279 marches et deux kilomètres qui, en 30 minutes, conduit le visiteur à la citadelle et offre une superbe vue panoramique sur la région. Une place forte qui surveillait plus la ville rétive aux impôts que les Espagnols, lesquels ne tentèrent qu'une incursion, manquée, au moment de la révolution. Rehaussée par Napoléon III, cette structure militaire est d'abord devenue un home pour vieux marins en 1930 sous la houlette d'un certain monsieur Laurent, qui en rasa une bonne partie à l'intérieur de la muraille et y planta des arbres. Racheté 30 ans plus tard par la famille Puy, le Fort Libéria est désormais loué par un bail emphytéotique à la famille Mené, la seule restante du quatuor villefranchois qui s'était porté volontaire pour entretenir et faire vivre le souvenir militaire du lieu. Une entreprise privée louable et un peu maladroite, les scènes de la vie de garnison à coup de mannequins sont d'un kitsch éculé, mais qui a le mérite de préserver le souvenir cette architecture spectaculaire. À quelques kilomètres de Villefranche, Vernet-les-Bains qui fut d'abord un village minier, le fer chargé en carbone rouillant très peu, avant d'attirer par ses bains à la fin du 19e une clientèle huppée venue des grandes villes et d'Angleterre (la ville possède une église anglicane). Il reste quelques vestiges de cette époque glorieuse, dont le casino (en 40 des inondations monstrueuses emportèrent les villas situées près du Cady). La visite vaut surtout pour le vieux village de pierre enroulé autour de l'église et d'un petit château que domine le donjon.