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De nouvelles modalités concernant l'enregistrement des volontés quant au don d'organes sont entrées en vigueur le 1er juillet 2020. Elles n'ont cependant pas fait grand bruit face au fracas du Covid-19 qui occupait alors tous les esprits. La nouveauté? Elle est plurielle. S'il est toujours possible pour le citoyen de faire enregistrer ses desiderata (pour ou contre) auprès de sa commune, celle-ci n'est plus la seule gardienne des accès à la base de données centralisée: tout médecin traitant peut, sur base d'une relation thérapeutique, encoder lui aussi le souhait de son patient via l'application "Orgadon". Chaque citoyen peut par ailleurs faire l'exercice lui-même, en ligne, via le portail www.masanté. be. Toutefois, autre changement majeur, il faut désormais exprimer sa volonté sur pas moins de quatre types de prélèvement, l'aide du médecin de famille n'est donc pas superflue pour bien expliquer les enjeux. Outre le "classique" don d'organes pour transplantation, la loi modifiée en 2019 requiert en effet de donner aussi son avis sur le don de matériel corporel (peau, cartilage, tendons, valve cardiaque, artères) pour transplantation, ainsi que sur le prélèvement de ce même matériel corporel pour la recherche et/ou la fabrication de médicaments et traitements innovants. " Les nouvelles dispositions sont passées sous le radar à l'époque", souligne Marie-Hélène Delbouille, coordinatrice de transplantation auprès du CHU de Liège, "nous faisons pression au ministère pour avoir des brochures pour informer la population. C'est d'autant plus important que les vagues de Covid se sont répercutées sur les dons: en 2020, nous avons connu un gap sans précédent depuis dix ans, nous sommes passés de 24,2 donneurs/million d'habitants à 21. En 2017, nous avions atteint un record de 30 donneurs/million d'habitants. Heureusement, il y a toujours deux fois plus de citoyens qui expriment un "oui" plutôt qu'un "non", la crise sanitaire n'a pas eu d'influence à ce niveau." En chiffres absolus, le Covid a fait reculer le nombre de dons d'une centaine: 245 donneurs effectifs pour la Belgique en 2020, contre 348 en 2017 par exemple. En 2021, ce chiffre est repassé à 280. Les listes d'attente ont grimpé de 10%, un patient sur cinq en attente d'un coeur ou d'un foie décède. " Il est important aussi de préciser qu'il n'y a pas de limite d'âge pour être donneur: on peut prélever un foie chez une personne de 90 ans car c'est un organe qui se régénère. Souffrir d'une pathologie n'est pas non plus un facteur d'exclusion, on prélève de plus en plus large grâce à tous les examens complémentaires que l'on fait au moment du décès."