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Le journal du Médecin: Qu'est-ce qui est à l'origine de cette initiative de co-working médical? Dr Thierry van der Schueren: Le point de départ est le "plan social de Florennes". Il s'attachait à comprendre les points d'attention de la population. Toute une partie des habitants ne trouvaient pas, dans la région, de médecins traitants acceptant de nouveaux patients. Huit médecins sur les 11 exerçant dans la commune avaient, en sus, plus de 65 ans. Suite à cela, le bourgmestre a voulu connaître l'avis, au cas par cas, de chacun des médecins, à propos de solutions possibles à ce manque d'offre de soins en médecine générale. Ils ont rassemblé les réponses à cette enquête auprès des médecins et ont souhaité à cette occasion qu'un représentant de la SSMG soit présent aussi pour discuter de ces solutions. La plupart des médecins généralistes âgés ont répondu ne pas souhaiter accueillir des stagiaires. Ils étaient rétifs à des "initiatives progressistes". La commune a alors planché sur l'idée de créer un lieu de co-working médical. Celui-ci attirerait des jeunes médecins, espérait-elle. La commune escomptait également que quelques-uns des médecins âgés passent une partie de leur temps à assurer des permanences dans l'espace de co-working pour accompagner et superviser ces jeunes MG afin de leur donner "l'envie" de rester. C'est donc bien une initiative politique? Tout à fait... Ensuite, on a de nouveau eu une réunion avec des médecins. Et nous nous dirigions vers cette optique-là. Pour la plupart des médecins, la surcharge administrative et un téléphone envahissant faisaient partie des principales plaintes. La commune a proposé en parallèle d'engager une ou deux secrétaires médicales. Le tout grâce à la mise en commun des primes Impulseo des différents médecins de l'entité qui, de fait, ne se font pas aider par une assistante (avec l'aide conjuguée de la commune et ce "stratagème", l'entité peut bénéficier d'au moins deux assistantes, NdlR). Les médecins du coin peuvent donc attirer des jeunes via cet espace de co-travail. Du coup, ils ont une solution pour leur temps de repos, des vacances, le côté administratif... Logistiquement, ce co-working pèse combien de divisions? Y a-t-il un local dédié? Combien de personnes s'en occupent réellement? On n'est pas encore au bout! Il faut bien se dire qu'aux dernières nouvelles, les médecins ont dit: "On laisse tomber. On n'est pas demandeurs de solution. On ne veut pas faire d'effort." À mon grand étonnement, moi qui accompagne le projet pour la SSMG. À la grande surprise de la commune de Florennes également. Donc ils se sont désinvestis. Le projet allait tomber à l'eau alors que la commune avait déjà libéré pas mal d'argent pour un bâtiment accueillant trois cabinets, un secrétariat et une salle d'attente (voir photo, NdlR). Ce projet ne tombe pas à l'eau à moyen terme tout de même? Non. Par rapport à l'accompagnement mené par la SSMG, notre conseil d'administration a considéré que le projet avait du sens. La SSMG a pris le relais des médecins du coin. On va essayer, avec nos moyens propres, de remplir les cadres. D'engager deux assistantes. Et espérer que les médecins du cru finissent par collaborer. Le centre médical assurera une permanence de 8 à 18 heures. Nous espérons quand même qu'il sera ouvert à partir du 2 octobre 2023 avec l'aide de deux ou trois cadres de la SSMG assurant des permanences, des formations et de l'accompagnement. L'objectif étant une médecine générale de qualité au niveau local. A-t-on impliqué la FAGW (la Fédération des associations de médecins généralistes de la Région wallonne) ou le cercle local de MG? Pas la FAGW qui constitue le regroupement des différents cercles. Leur mission principale est la garde en MG. En revanche, le cercle local, le Cegeno (Cercle des médecins généralistes de Namur-Ouest, NdlR), a bien sûr été averti. Il faut préciser que l'espace de co-working médical n'est pas du tout un poste médical de garde puisqu'il fonctionne en journée! Le problème des Florennois est qu'ils ne trouvent plus de médecin traitant. Vu notre approche de formation et d'accompagnement, on s'est dit qu'on pourrait attirer des stagiaires qui passeraient par ce centre et finiraient par s'installer dans cette région [définitivement] en la découvrant. Les différentes études montrent que de nombreux médecins s'installent là où ils ont fait un assistanat. Or il n'y a qu'une seule maîtresse de stage sur Florennes actuellement. On mise également sur "l'aura" du lieu de stage... Cette initiative sera-t-elle élargie à d'autres déserts médicaux? Je ne pense pas que la SSMG ait l'assise suffisante pour faire partout la même chose. Mais notre volonté est de réfléchir à une réponse adéquate dans les zones en difficulté. À la condition d'avoir le soutien des autorités locales. Mais on ne pourra pas multiplier les initiatives en même temps.