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Pas de vase de Soissons et pas de roi natif de Tournai dans cette exposition. Par contre, est présent le trésor de son père, Childéric, dont les atours, fibules et autres bijoux décorent l'une des vitrines de cette exposition. Exposition pas évidente, car l'habitat en bois et les papyrus sur lequel les Mérovingiens écrivaient n'ont pas résisté au temps. En effet, en cette époque qui court de 450 à 750, la météo s'est fort refroidie et ces siècles connurent de grandes périodes d'humidité qui obligèrent les agriculteurs a renoncé à la monoculture et à opter pour une pluriculture en petites parcelles. L'expo témoigne de l'instauration d'une loi salique et d'une dynastie, de la circulation des idées (le christianisme qui se propage) des personnes (jusqu'en Inde! ) et de la monnaie (là c'est un peu l'anarchie, multiplication des ateliers- apparition de bitcoins de l'époque en quelque sorte). L'exposition, temporaire, tisse bien entendu des liens avec le musée, puisque nombre d'objets présentés sont issus des fouilles initiées par Raoul Warocqué, notamment la nécropole de Ciply qui mit au jour plus de 1.000 tombes au début du 20e siècle, et réactualisées dans les années 2000. À la difficulté de présenter des témoignages d'une civilisation qui utilisait abondamment le bois et le papier, mais qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, engendra un raffinement plus grand encore des bijoux et parures (à voir les fibules notamment, les bijoux et les colliers de perles) en comparaison des Gallo-Romains qui les précédèrent ; pour donner chair aux résultats de fouilles, essentiellement belges si ce n'est le superbe trésor (dont des parures en or et pierres précieuses) d'Arégonde découvert dans la basilique de Saint-Denis et conservé au musée national d'Archéologie de Saint-Germain-en-Laye, six personnages fictifs, mais vraisemblables: un potier du nom de Odon pour évoquer la grande production dans le domaine ainsi que celle de verre, par exemple, ou une jeune religieuse, Aughilde (qui elle a bien existé) afin d'illustrer la propagation de la Chrétienté prenant le pas sur les rites païens (magnifique reliquaire en or) et bien sûr un guerrier (Antomir) dont on découvre la tombe à côté de vestiges d'armes (une francisque) ou d'armements (un casque). Des bornes expliquent l'évolution du monde mérovingien, de la chute de Rome à l'apparition de la dynastie carolingienne (qui fera tout pour abîmer leur perception et imposer ainsi son pouvoir), des témoignages vidéos de fouilles (près d'Andenne pour le fameux four d'Odon), et sur l'une de ces bornes tactiles, l'on peut découvrir le parler des Mérovingiens: notamment que des mots de couleurs comme brun ou gris ont survécus intacts, glidan devenant glisser, frisk mutant au cours des siècles en froid ou frisquet. Des mots présents aussi bien en français que dans les langues germaniques, à peine transformés. D'ailleurs, si les Mérovingiens furent une sorte de période et d'état tampon entre influences romaine et germanique, leur style se rapprochait dans les torsades et les sinuosités de la civilisation celtique. C'est l'un des enseignements de cette exposition, située dans l'espace en forme presque de dodécaèdre, joyau du musée gallo-romain de Tongres, qui parvient dans sa présentation fluide et l'illustration parfois imaginative dont elle fait preuve à en restituer, plutôt que la fainéantise auxquels on a accolé ces soi-disant temps sombres, toute la... vitalité.