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L'une de ces propositions, qui paraît aussi inquiétante qu'absurde, est l'idée d'utiliser des ingénieurs civils pour administrer des vaccins. Si nous jugeons cette proposition ridicule, la question se pose de savoir pourquoi une idée similaire - (...) par des pharmaciens - est considérée comme moins absurde. Il est essentiel de reconnaître que le maintien de responsabilités adéquates au sein des soins de santé est vital pour la sécurité et la qualité des soins. Les pharmaciens, malgré leur rôle précieux en pharmacie, n'ont tout simplement pas la formation ni l'expertise spécifiques requises pour administrer des vaccins de manière sûre et efficace. (...) En Belgique, nous avons veillé, nous médecins, à ce que les soins de santé soient accessibles. Les tarifs, surtout dans les soins de première ligne, ne constituent pas un obstacle. N'y a-t-il donc pas assez de cabinets? Non, ce n'est pas le cas non plus (...). En d'autres termes, il n'y a aucune raison de devoir faire cela, si ce n'est que les pharmaciens sont apparemment des amis proches du ministre qui les favorise à maintes reprises. En tant que syndicat de médecins, nous nous engageons également à garantir la meilleure qualité des soins aux patients. Si l'on ne peut nier l'importance d'un large accès à la vaccination, il existe des raisons spécifiques pour lesquelles ce transfert de responsabilité du médecin généraliste vers le pharmacien n'est pas une bonne idée. Tout d'abord, nous tenons à souligner que la mission de prévention au sein du système de soins de santé a toujours clairement incombé au médecin généraliste. Le généraliste joue un rôle essentiel en assurant la santé tant des individus et que des communautés par le biais de soins préventifs, y compris la vaccination. C'est lui qui dispose du dossier médical complet du patient, et peut déterminer la stratégie de vaccination la plus appropriée en fonction des antécédents médicaux individuels et des éventuels facteurs de risque. De plus, le généraliste a pour mission d'atteindre la couverture vaccinale la plus élevée possible au sein de sa population. Autre point inquiétant, le fait de permettre aux pharmaciens de devenir à la fois prescripteurs et administrateurs du vaccin entraîne un chevauchement évident des rôles et des responsabilités. (...) Le fait de confier ces tâches à une seule personne peut créer des conflits d'intérêts potentiels qui compromettent la qualité des soins. Par exemple, l'administration d'un vaccin de qualité inférieure qui rapporte plus d'argent au pharmacien. (...) Un dernier point à souligner est que les pharmaciens ne sont pas spécifiquement formés pour faire face aux situations urgentes qui peuvent survenir lors de l'administration des vaccins. La gestion des complications ou des effets secondaires potentiels nécessite des connaissances, une expérience et une formation spécifiques aux situations médicales aiguës. (...) Nous tendons la main à nos collègues des autres syndicats pour former un front uni et faire clairement comprendre qu'il s'agit d'une ligne rouge qu'il vaut mieux ne pas franchir. Convenons donc d'actions communes, au cas où cette idée folle serait poussée plus loin.