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Le BMH-Wal est le premier programme de biomonitoring de référence à l'échelle de la Wallonie. Il est réalisé par un consortium scientifique composé de l'Institut scientifique de service public (Issep), du CHU de Liège, de l'UCLouvain, des Cliniques universitaires Saint-Luc et de Sciensano. "Les données collectées permettent de suivre l'évolution au fil du temps de l'exposition de la population aux substances, de repérer les points noirs environnementaux, des populations vulnérables et de soutenir la mise en oeuvre et le développement de politiques qui minimisent l'exposition aux polluants et à des produits chimiques dangereux", détaillent les auteurs du rapport. 57 substances ont été passées au crible entre novembre 2019 et mars 2020. Des valeurs de référence d'exposition ont pu être déterminées pour une trentaine d'entre elles. La Wallonie ne part pas ex nihilo et se base sur des références étrangères pour comparer ses propres mesures. Sans surprise, les niveaux d'exposition retrouvés en Wallonie sont globalement du même ordre que ceux retrouvés dans d'autres pays européens. On note toutefois la présence d'un nombre important (près de 30%) d'adultes qui présentent des concentrations en sélénium inférieures à 10 mg/L, seuil en-dessous duquel il y aurait un risque de déficience. Le rapport mentionne également, concernant le plomb, que 12,4% des concentrations mesurées dans le sang des nouveau-nés atteignent la valeur de référence utilisée par l' European Food Safety Authority (12m mg/L) tandis que 2,5% et 9,7% des concentrations mesurées chez les adolescents et les adultes respectivement atteignent la valeur de vigilance de la France pour la gestion de la plombémie (25 mg/L). Des mesures qui restent "faibles", selon les auteurs du rapport, qui estiment toutefois qu'il "conviendrait de suivre la situation et de diminuer l'exposition à ces métaux étant donné leurs effets indésirables pour la santé même à de faibles niveaux d'imprégnation". On rappellera que pour l'OMS, il n'existe pas de seuil au-dessous duquel l'exposition au plomb n'aurait pas d'effets nocifs. Enfin, les pesticides utilisés actuellement sont largement présents dans notre corps. Les adolescents y sont plus exposés. "Les effets des politiques de sensibilisation, de réduction et/ou d'interdiction des substances sont perceptibles mais n'éliminent pas totalement /directement l'exposition", commentent les auteurs du rapport. "Ces données sont préoccupantes pour la Wallonie, même si elles ne sortent pas spécialement de la moyenne européenne", résume bien Hélène Ryckmans, députée Écolo, qui pose quelques constats, outre la problématique du plomb. "Les résultats évoquent des situations problématiques pour les consommateurs d'alcool, de tabac et de poissons. Ceci concerne notamment les PCB. Je pense aussi aux perturbateurs endocriniens. Des traces d'insecticides se retrouvent chez neuf Wallons sur dix."Deux actions ont été évoquées par Céline Tellier, ministre wallonne de l'Environnement. La première concerne la réduction de l'emploi de pesticides dans le secteur agricole. "Je travaille dans cette optique, avec la mise en place d'un conseil indépendant pour les agriculteurs en matière de produits phytopharmaceutiques. Les expériences montrent que la mise en place d'un tel conseil indépendant est un processus win-win pour les agriculteurs et pour l'environnement, tant sur le plan économique que sur le plan environnemental et de santé", estime la ministre, à qui l'on reproche parfois son approche "agribashing". La Wallonie, à l'instar de l'Europe, s'oriente en outre vers une sortie progressive des pesticides et vise une réduction de 50% d'ici 2030. La seconde concerne la diminution du nombre de raccords en plomb dans le réseau de distribution d'eau potable. La Wallonie en comptait plus de 100.000 en 2007. "Il en restera moins de 3.000 fin de cette année", assure la ministre Écolo. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue qu'il existe encore des tuyaux de plomb dans les installations intérieures, essentiellement dans les maisons construites avant 1970. Enfin, il ne faut pas négliger d'autres sources possibles d'exposition au plomb comme certains aliments, le tabac et certaines vielles peintures.