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"L e déconfinement et l'élargissement des possibilités de tester les patients, moins limitatif, pose le double problème d'un nombre accru de tests demandés et d'une forte baisse des prestataires dans les jours qui viennent. Cette initiative étant portée par les seuls généralistes, sans participation des structures hospitalières sur lesquelles elle se greffe, se pose la question de sa maintenance dès le début du mois de juillet ", nous confie un médecin généraliste qui nous renvoie vers Javier Fernandez, MG à Anderlecht et coordinateur Covid (photo). " Le problème n'est pas tant qu'on finisse ou pas le 4 juillet qu'un problème général qui va s'aggraver bien sûr avec le départ en congé de plusieurs confrères et donc moins de médecins disponibles pour les centres de testing. Les hôpitaux aussi ont réduit leurs heures. L'effort est demandé aux MG depuis fin mars. Essentiellement. Il y a donc une certaine usure de la part de certains. Pour beaucoup de médecins, reprenant leurs activités normales en cabinet, cela devient difficile de dégager des heures pour assurer ce dépistage. Ils se sentent moins concernés. Le nombre de volontaires se tarit... Donc pour maintenir les centres de tri au long cours, cela ne va pas tenir longtemps. "Pour autant, ce problème est résolument la cerise sur le gâteau. C'est plus profond, selon le Dr Fernandez. Il souligne surtout des problèmes logistiques et la mauvaise transmission de l'information des résultats des tests aux patients. Ce n'est pas optimal. " Les structures fédérales relèvent un peu de la boîte noire. On est livré en matériel par une société avec laquelle les contacts sont compliqués lorsqu'on a besoin de matériel. Il faut demander au chauffeur qui récupère les frottis de nous apporter du matériel. Mais alors le centre est fermé. Alors que personnellement je découvre les résultats des tests 48 heures après maximum, ceux-ci ne sont renvoyés aux médecins prescripteurs que trois à cinq jours après. Il n'y a aucun moyen pour le prescripteur de visualiser les résultats avant qu'on lui envoie ou qu'on le mette sur le hub. On a l'habitude de travailler vite et on n'aime pas attendre et faire attendre le patient qui s'impatiente. Peut-il aller travailler ? Doit-il poursuivre la quarantaine ? "Le Dr Fernandez se demande pourquoi la transmission de l'information est si longue. Beaucoup de médecins interpellent les centres de tri. Ces résultats sont généralement envoyés au médecin gestionnaire du DMI. Mais comme nous le relevions (jdM n°2634), beaucoup de pédiatres prennent contact avec le MG, depuis que les crèches ont rouvert ainsi que les écoles, parce qu'ils ne reçoivent pas du tout les résultats. Certains n'ont pas accès aux hubs. Sans accès aux DMI parce que non-dépositaires de DMG, ils doivent attendre que les résultats soient sur les hubs. " On envoie des copies d'écran pas email... S'il s'agissait de gagner en sécurité, elle est nulle. Le logiciel est mal fait. On peut envoyer une copie d'un résultat à un confrère mais malheureusement seulement à un MG, pas à un spécialiste. C'est aberrant. Il suffirait d'ajouter dans le système tous les médecins pour envoi de copie. Quand je visualise un résultat, je ne peux pas générer de documents... "Les médecins généralistes peuvent faire du testing dans leur cabinet avec les laboratoires d'analyse privés habituels. Cela fonctionne assez bien. Mais beaucoup de MG qui ne souhaitent pas le faire envoient le patient supposé Covid en centre de tri. " En cabinet, il faut du matériel de protection, une blouse, à usage unique à dix euros la blouse pour une consultation. Cela amène des gens susceptibles d'être malades à la consultation qui pourraient contaminer d'autres patients. Ça demande un nettoyage du cabinet... "Le centre de testing était au départ une bonne idée mais si la réalisation se passait mieux, cela serait plus facile à vivre... De nombreux MG n'ont plus le temps de passer quatre à cinq heures par jour à faire des frottis, la patientèle étant revenue. Quant à faire faire les frottis par une infirmière (qui serait parfaitement compétente), cela déplacerait le problème vers les blouses blanches elles-mêmes surmenées et bientôt en congé également. " Clairement, rien n'oblige à ce que type de frottis soit réalisé par un médecin. Si ce n'est que le malade peut déjà être en situation d'être examiné par un médecin. Donc il faut au minimum un médecin à proximité ou contactable. À Bruxelles, nous faisons cela avec des hôpitaux mais ceux-ci n'ont pas nécessairement le personnel à disposition. "Y a-t-il une solution, dès lors ? " Éventuellement, une montée en puissance des capacités de tri par les laboratoires, des structures ambulantes,... Mais des prestataires seront toujours sollicités. Il n'y a pas de solution miracle... On pourrait déjà éviter de tester dans les centres les personnes qui veulent partir en vacances, ou en congé. C'est interdit, certes, mais la communication sur ce sujet n'est pas bien passée auprès des médecins et des patients. On perd du temps précieux à leur expliquer qu'ils ne sont pas à la bonne adresse. "Avec la raréfaction du nombre de centres de dépistage, il est en tout cas clair que les prestataires ne vont pas tenir longtemps à ce rythme.