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Malgré l'attitude constructive des radiologues belges, ils ont été confrontés à plusieurs reprises à des déclarations très négatives (...) tant dans le monde politique que dans les médias (...). Il est reproché aux radiologues d'être trop payés, d'être insouciants (...) et d'être de dangereux recruteurs de patients sans défense (...). Ces affirmations ne reposent pas sur des faits mais sur des perceptions approximatives. Par exemple, il est pertinemment faux de dire que la Belgique est un "outlier" dans les statistiques européennes concernant la consommation de CT et d'IRM, surtout si on la compare à d'autres pays comme la France et l'Allemagne. (...) Tous les scanners sont essentiellement réalisés à la demande d'un médecin prescripteur, et il n'est pas rare que les radiologues encourent des problèmes s'ils refusent d'effectuer un examen prescrit par un généraliste ou un spécialiste. Il ne fait aucun doute qu'il y ait là des examens "inutiles" (nous préférons parler d'examens "non justifiés", c'est-à-dire non conformes aux recommandations pour l'usage correct de l'imagerie médicale (...), mais il n'y a pas encore eu la moindre quantification dans notre pays (...). Présenter les radiologues comme des promoteurs d'un maximum d'examens "inutiles" est donc sans fondement et constitue une véritable insulte pour les centaines de radiologues qui veillent chaque jour à assurer des soins radiologiques optimaux. Enfin, il ne faut pas oublier les progrès techniques considérables en matière de réduction des doses. (...) Ces dernières années, les radiologues ont déployé de nombreux efforts pour démentir toutes sortes de préjugés tenaces (...): implémentation de l'aide à la décision, un système électronique qui aide le médecin généraliste ou le spécialiste prescripteur à sélectionner l'examen radiologique approprié (...) conformément aux recommandations) ; (...) encouragement à l'utilisation correcte de l'imagerie médicale ; (...) développement d'un système national d'archivage d'images qui permet de visualiser les images radiologiques partout, quel que soit le lieu où elles ont été prises initialement ; (...) avis afin de responsabiliser les centres qui se livreraient encore à une "surconsommation", sur la base d'"outliers" statistiques par rapport à tous les autres services de radiologie du pays... L'imagerie médicale est la pierre angulaire de la médecine moderne. Les taux de survie après le diagnostic de cancers courants ont augmenté en Belgique au cours des dix dernières années grâce à des diagnostics radiologiques plus précis. Par ailleurs, les soins oncologiques nécessitent désormais davantage de suivis toujours plus rapides par scanner (CT, IRM, PET/CT), et le remboursement des nouvelles chimiothérapies ou immunothérapies en est même devenu tributaire. Les évolutions technologiques continues des CT, IRM et PET/CT offrent une qualité d'image toujours meilleure, ce qui ne peut qu'augmenter leur efficacité et leur précision et donc aussi leurs indications en oncologie, pathologie cardiovasculaire, traumatologie, médecine d'urgence etc. Toutefois, ces évolutions technologiques ont un coût, ce qui est malheureusement souvent oublié. La SBR admet que les examens "inutiles" doivent être filtrés et éliminés du côté de la demande, mais elle persiste également à vouloir garantir une offre de soins suffisamment importante, facilement accessible et correctement financée. Si ce principe est mis en péril par exemple quand les CT et IRM sont dans le viseur, les radiologues se verront obligés de lancer une alerte générale contre les conséquences profondes qui en découleront comme la limitation de l'accès de nos soins radiologiques pourtant excellents.