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Les temps de rattrapage pour les prestations chirurgicales essentielles et mixtes sont estimés à respectivement 1,6 an (19 mois) et 1,4 an (17 mois). Pour les prestations chirurgicales non essentielles, ce délai est de 6,8 ans (6 ans et 10 mois). "Cette dernière estimation est un 'scénario du pire' dans lequel, entre autres, toute la 'surutilisation' serait rattrapée, ce qui n'est évidemment pas le but recherché", relativise l'Unité audit hôpitaux.On notera en outre que les délais de rattrapage et les retards pour les procédures chirurgicales essentielles et mixtes ont nettement diminué par rapport au rapport précédent (données de janvier 2022), passant de 2 à 1,6 an dans le premier cas et de 2,1 à 1,4 dans le second. Les retards pour les procédures non essentielles ont par contre augmenté de plus d'un an, passant de 5,7 à 6,8 ans. Malgré plusieurs rattrapages entre les vagues de covid, il reste un retard important des soins réguliers. La faute à une pression élevée et continue des patients covid sur la capacité de soins tout au long de 2021 et au début de 2022. Seul un rattrapage limité du retard a été possible. La bonne nouvelle est que le nombre de prestations non effectuées est plus faible dans la plupart des prestations essentielles, comme l'oncologie, entre autres, où l'on observe 17% d'activité en plus que prévu, avec des marges d'incertitude cependant élevées (voir graphique). "Cela indique que la priorisation médicale a généralement été bien faite. C'est notamment le mérite de nombreux médecins, chefs de service médical et médecins-chefs", note l'Unité audit hôpitaux. "Il reste cependant des différences frappantes entre les disciplines et au sein de celles-ci."La moins bonne nouvelle est que même le scénario de rattrapage le moins ambitieux, qui suppose 5% de capacités supplémentaires ou de gains d'efficacité par an, reste un défi majeur. Ceci s'explique par le nombre élevé de lits fermés dans les unités de soins intensifs lié à l'absentéisme et le turn-over du personnel. "Au début de l'année 2022, seul un hôpital sur trois fonctionnait à pleine capacité en Belgique", détaille l'Unité audit hôpitaux. Un problème que l'on retrouve également chez nos voisins néerlandais où seul un hôpital sur quatre fonctionnait à pleine capacité début 2022. Quelques prestations chirurgicales ont été nettement moins effectuées (report potentiel de plus de 20%) et peuvent avoir un impact élevé sur la qualité de vie et/ou l'espérance de vie. Il s'agit notamment de plusieurs opérations à coeur ouvert et de transplantations de coeur, coeur-poumon et rein. "Pour ces derniers, la disponibilité d'organes de donneurs peut également jouer un rôle", avance l'Unité audit hôpitaux. "Il est important de maintenir une capacité suffisante à cet effet, tant dans le bloc opératoire que dans les unités de soins intensifs." À côté de cela, le nombre d'interventions chirurgicales électives non effectuées reste élevé et augmente. Toutefois, cela inclut plusieurs prestations dont la 'surutilisation' est connue, comme le méniscectomie, l'amygdalectomie, les drains transtympaniques, etc. Pour les disciplines internes, notamment en pneumologie et en gériatrie, il y a encore beaucoup de prestations non effectuées (plus de 20%). "En revanche, pour la gériatrie, nous avons récemment observé un rattrapage considérable en termes d'examens d'évaluation et de consultations générales. Pour la pneumologie, le report potentiel continue de croître. La charge de travail élevée qui pèse sur les gériatres et les pneumologues, ainsi que sur leurs médecins spécialistes en formation, va donc se poursuivre pendant un certain temps", constate l'Unité audit hôpitaux. Concernant le nombre de prestations psychiatriques, il y a bien une phase de plateau dans les hôpitaux aigus et psychiatriques à partir de décembre 2020, avec une réduction limitée du report potentiel accumulé vers la fin de 2021. "La forte baisse du nombre de consultations psychiatriques à la demande du médecin traitant dans les hôpitaux de soins aigus (report potentiel de 34%) convient d'attirer l'attention", rapporte l'Unité audit hôpitaux. "Comme pour les autres soins, nous ne pouvons pas nous prononcer sur les temps d'attente des patients (contrairement à d'autres pays, comme l'Angleterre et les Pays-Bas) car ceux-ci n'étaient pas bien cartographiés avant la période de covid et nous n'avons aucune idée des besoins de soins supplémentaires."Enfin, pour l'imagerie médicale lourde (CT et IRM), l'Unité audit hôpitaux observe principalement un processus de rattrapage à partir de 2021. "On voit une forte augmentation continue des 'examens de CT thoraciques' par rapport à la base de référence du début de la pandémie dans notre pays. Ceci est conforme aux attentes, puisque ces derniers ont été utilisés dans le diagnostic et le suivi des patients de covid-19."