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Lorsqu'une patiente se présente au cabinet avec une demande d'interruption de grossesse non désirée, elle doit être orientée soit vers un centre extrahospitalier tel qu'un planning familial, soit vers un hôpital qui pratique des IVG. L'accompagnement comportera trois rendez-vous: avant, pendant et après l'IVG. Une prise en charge encadrée, que la SSMG rappelle dans une petite fiche technique (à télécharger sur son site) qui vient d'être remise à jour par le Dr Alizée Detiffe. "L'objectif de cette fiche est d'expliquer ou de rappeler comment se déroule une demande d'IVG, ainsi que sa prise en charge", explique le Dr Detiffe. "Le médecin généraliste qui reçoit dans son cabinet une femme en demande d'IVG sait ainsi directement comment ça se passe pour pouvoir lui expliquer clairement, puis la référer au bon endroit." Pour rappel, en Belgique, une IVG, même médicamenteuse, ne peut se faire au cabinet du médecin, contrairement à la France. Chez nous, l'intervention doit toujours passer par un planning familial (1) ou une institution hospitalière qui la pratique. Tous les hôpitaux n'en font pas, certains font des IVG médicamenteuses et par aspiration, beaucoup ne pratiquent que la seconde méthode. Pour se faire une idée du paysage belge, en 2019, un peu plus de huit interruptions volontaires de grossesse sur dix se déroulaient en planning familial. L'intérêt de l'hôpital est de pouvoir bénéficier d'une anesthésie générale si la patiente préfère. "Généralement, les patientes savent que ça se fait en planning et nous contactent directement, mais il nous arrive aussi de voir des femmes référées par leur médecin généraliste ou un gynécologue", précise Alizée Detiffe, qui pratique en centre extrahospitalier. Pour rappel, le cadre légal belge (loi du 15 octobre 2018) prévoit qu'une IVG peut être pratiquée jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée, et précise qu'un délai de six jours doit exister entre la demande d'IVG et sa réalisation. Ce délai peut être réduit pour cause d'urgence médicale. La procédure permet au médecin, dans le cadre de la prise en charge d'une de ses patientes, de déjà faire éventuellement des examens complémentaires comme une prise de sang et des prélèvements vaginaux, même si la patiente sera ensuite revue en consultation au planning ou à l'hôpital. "Expliquer comment ça se passe permet aussi de rassurer les femmes sur certaines procédures, comme celle de l'aspiration qui peut éventuellement inquiéter. Il est vraiment important de les rassurer sur la façon dont ça va se passer", souligne le Dr Detiffe. "Il est également important de rappeler aux généralistes à quoi il faut être attentif pour le suivi car il est possible qu'ils croisent dans leur pratique des patientes qui ont connu une IVG. Il faut donc savoir quand s'inquiéter ou, au contraire, pouvoir rassurer." En septembre dernier, à l'occasion de la Journée mondiale pour le droit à l'avortement, la SSMG rappelait que "la possibilité de recourir à une IVG sans danger est primordiale pour la santé des personnes enceintes et doit être défendue coûte que coûte", et plaidait pour " une formation qualitative et accessible pour lutter contre la pénurie de médecins habilité(e)s à pratiquer l'IVG". " Le principal frein, je pense, à la pratique de l'IVG, est la formation", témoigne Alizée Detiffe. " On n'en parle quasi pas pendant le cursus universitaire. Le Gacehpa (Groupe d'action des centres extrahospitaliers pratiquant l'avortement) organise une formation, mais elle est à faire en parallèle d'un assistanat ou d'une pratique de médecine générale, ce qui peut s'avérer compliqué. Je connais des médecins motivés mais qui n'arrivent pas à se former parce que c'est beaucoup d'investissement. On manque d'un parcours clair et certifiant, qui devrait idéalement être intégré au cursus universitaire."