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Dans la vallée des Belleville qu'a creusé le Doron, rivière locale, depuis la pointe du Mont de Péclet qui culmine à 3.000 mètres jusqu'aussi loin que Saint-Martin dans la vallée, la station des Menuires située à 1.850 mètres s'est déployée dans un paysage de sommets majestueux que ses hautes tours défigurent un peu (on pense à un autre Belleville). En son milieu, un grand paquebot amarré à la montagne, le Brelin, a été conçu par un élève de Le Corbusier et est devenu, au fil du temps, un exemple de l'architecture moderniste du 20e siècle, au point d'être désormais classé: il vient de fêter ses 50 ans... Reliquat d'une époque, les années soixante et du Plan Neige, celle des Trente glorieuses où l'homme, dominateur, voulait marquer la montagne de son emprunte, en la défigurant au cours du fameux plan voulu par de Gaulle (son héritier Chirac avait d'ailleurs un appartement aux Menuires). Construite ex nihilo en 1964, à mi-pente entre Saint-Martin, un vrai village plus bas à 1.450 mètres et Val Thorens à 2.300 mètres qui pour sa part réplique le schéma des Menuires, la station fait depuis sa création, au niveau de ce centre "urbain" prénommé Croisette, des efforts pour rendre moins bétonnant les grands totems qui marquent son campement, tapissant de bois et pierres les appartements et les galeries commerçantes et même certains grands immeubles, disséminant des constructions de bois voire des chalets au Grand Reberty et surtout aux Bruyères, ainsi qu'aux abords de la station, au Preyerand. Si bien que l'oeil s'habitue et ne voit plus dans les hauts immeubles que des stalagmites imposantes, voire des pics, des concrétions rocheuses récentes adossées au relief. Plus bas dans cette vallée ouverte et ensoleillée, percée par la rivière, le hameau de Saint-Marcel (l'un des 30 hameaux des Belleville) accueille un trois étoiles tenu par René et Maxime Meilleur et Vincent Jay, médaillé d'or et de bronze aux JO de Vancouver en 2010 en biathlon, et donc en ski... de fond! Il constitue l'avant-poste charmant de Saint-Martin, sorte de ravissant petit Megève du Beaufortin, avec ses chalets recouverts de grilla, sorte d'enduit coloré qui rappelle la station huppée du pied du mont Blanc. Village où quiétude rime avec authenticité, là où, plus haut dans la vallée, Val Thorens se veut très sportive et jeune, et les Menuires plus famille, notamment par son côté pratique et tout à portée. Un village de chalets accrochés à la pente, au centre duquel trône un musée qui raconte la vie pastorale et l'essor de la vallée, de façon aérienne et sans verser dans l'écomusée poussiéreux. Une belle église, évidemment baroque et en surplomb, domine cette ravissante station-village, le sanctuaire Notre-Dame de la Vie: bâtie au 16e siècle, "baroqueuse", elle évoque pourtant les églises orthodoxes grecques par sa coupole qui, dans un panorama spectaculaire, répond au dôme naturel formé par le mont Cochet qui lui fait face. à l'intérieur, outre la coupole, peinte par un peintre savoyard, l'un des retables, toutes dorures baroques dehors, évoque la vie de la Vierge qui, dans sa version locale est noire et célébrée le 15 août. Comme celle d'Outremeuse à Liège, puisque Lodji, le superbe hôtel qui a ouvert en front de neige en décembre dernier sur 6.000 mètres carrés, n'est autre que le projet de René Baudinet, entrepreneur liégeois amoureux de Saint-Martin depuis une vingtaine d'années. L'hôtel, un quatre étoiles, tout en bois, est à la fois aérien, de goût, cosy, et magnifiquement décoré par l'architecte liégeois Kevin Bona qui a conçu 47 chambres, dont un tiers avec jacuzzi, et jusqu'à l'espace dédié aux plus petits, souvent laid... et qui est ici ravissant. Avec beaucoup d'humour, Baudinet a nommé les différents espaces d'intitulés à consonances nationales - le snack s'appelle Le Volle Pétrol -, et surtout de la Cité ardente puisque le bar se nomme Le Carré et le restaurant Au Torè (dont la statue trône devant l'hôtel). La cuisine de notre compatriote Jean-Sébastien Prijot se veut fusionnelle, mondiale, tout en respectant les traditions de montagne. C'est goûteux et généreux à la fois. L'ambiance est conviviale, chaleureuse, pas guindée pour un sou. La terrasse est kilométrique, l'espace wellness qui fait face à la montagne propose piscine à débordement, sauna, hammam, deux jacuzzi extérieurs et des programmes de massages. Le village qui n'est relié aux Trois Vallées que depuis 1985 et s'est longtemps tenu à l'écart de l'or blanc, est en plein développement, mais l'effectue de manière responsable et intégrée, en mettant à profit les erreurs du passé.