...

Des représentants du Portugal, France, Italie, Espagne et Belgique ont présenté des chiffres inquiétants. Tout d'abord, le Conseil général des médecins espagnols (CGCOM) a détaillé les données enregistrées au cours de l'année 2022. En Espagne, on bat le record historique d'agressions contre le corps médical, avec 843 actions violentes signalées aux facultés de médecine, soit 38% de plus que l'année précédente. De toutes les attaques subies, 61% correspondent à des femmes, ce qui est la tendance de ces dernières années. Les hôpitaux progressent de cinq points et s'établissent à 27% des agressions, devant les urgences hospitalières (9%) et les "urgences primaires" (8%). Les insultes et humiliations représentent près de la moitié des agressions et les agressions physiques se multiplient. De toutes les attaques reçues et communiquées, 10% se sont soldées par un arrêt maladie. 21% des agressions ne sont pas liées à des problèmes de santé mais à des problèmes structurels. Concernant la typologie des agresseurs au cours de l'année 2022, les données montrent qu'il s'agit principalement des patients programmés (48%), suivis des patients non programmés (28%) et des accompagnateurs (22%). Le Dr Nicolino D'Autilia, responsable international de la Federazione Nazionale degli Ordini dei Medici Chirurghi e degli Odontoiatri d'Italie, a précisé que la majorité des attentats sont des menaces, et que celles-ci concernent davantage "les médecins de moins de 40 ans et de plus de 60 ans", et sont générées majoritairement par le patient ou sa famille. Le Dr Philippe Cathala, délégué aux affaires européennes et internationales du Conseil national français de l'Ordre des médecins (CNOM), a présenté les données de l'Observatoire pour la sécurité des médecins de l'Ordre des médecins. Celui-ci a collecté "en moyenne 820 attaques par an" depuis sa création en 2003 (1.009 en 2021, dernière année pour laquelle les données analysées à ce jour sont disponibles). Parmi les agressions recensées en France, 43% en moyenne surviennent en soins primaires et 53% visent des femmes. Par ailleurs, il a expliqué qu'en 2021, les spécialités qui ont subi le plus d'attaques étaient la cardiologie, la psychiatrie et l'ophtalmologie. Le Dr Filipa Lança, déléguée de l' Ordem dos Médicos, a précisé que dans son pays, les attentats ont énormément augmenté: "de 35 en 2007 à 1.632 en 2002", a-t-elle précisé. "Les patients sont les principaux agresseurs (63%), suivis de leurs proches (21%).". Le Portugal doit se fixer comme priorité de créer un manuel de sécurité pour le secteur de la santé et mieux collaborer avec la Justice et le ministère de l'Intérieur. Ceci va de pair avec l'amélioration du système de signalement de la violence et la mise en place d'un plan de formation dans le domaine de la prévention de la violence, y compris un contenu d'apprentissage en ligne. Le Pr Christian Melot, membre de l'Ordre des médecins de Belgique, a expliqué que dans notre pays, 62% des attentats surviennent dans le domaine des soins primaires. Concernant leur topologie, "59% des agressions sont verbales (258 cas), 21% psychologiques (92 cas), 17% physique (74 cas), et 2% sont des agressions pures (10 cas)". Le colloque s'est permis d'extrapoler ces données à l'Europe pour conclure que les attaques contre le personnel de santé sont un problème majeur qui augmente de manière inquiétante, qu'il faut faciliter le dépôt de plaintes, que cette violence affecte la relation médecin-patient et a un impact négatif sur la qualité des soins. La violence épuise les professionnels de soins qui la subissent. Il a été recommandé que toutes les organisations européennes membres du CEOM préparent un questionnaire commun et le diffusent auprès de leurs membres pour une meilleure compréhension du problème. Il est nécessaire d'établir des synergies entre toutes les organisations européennes, conclut le CEOM.