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Le PHSSR est une organisation à but non lucratif qui fournit des solutions et des recommandations fondées sur des preuves afin d'accroître la durabilité et la résilience des systèmes de santé. L'année dernière, le Pr Lieven Annemans (UGent) a été chargé d'examiner le système de santé belge selon le modèle du PHRRS, en combinant une analyse de la littérature et des entretiens approfondis avec des stakeholders. Il en est résulté un rapport comportant 70 recommandations dans sept domaines: gouvernance, financement, ressources humaines, médicaments et technologies, prestation de services, santé publique et durabilité environnementale. Le rapport final a été présenté à Bruxelles en présence de quelque 150 personnes du secteur de la santé et débattu par des décideurs politiques et des stakeholders. "Au cours de ce débat, il a été dit à plusieurs reprises que le moment était venu de réformer notre système de santé", déclare le Pr Annemans. "La réponse à la pandémie de covid-19 a mis en évidence les forces et les faiblesses du système actuel. Il est maintenant temps de prendre le taureau par les cornes et de travailler à la mise en place d'un système de santé durable, capable de résister aux chocs extérieurs et qui sera encore debout en 2040."Certaines des recommandations du rapport traitent de points névralgiques bien connus, mais il y a aussi des propositions plus récentes, dont certaines peuvent être mises en pratique rapidement, comme l'amélioration de la collaboration entre les différents stakeholders et le patient. Lieven Annemans explique un certain nombre de propositions au journal du Médecin. "Dans notre pays, les soins de santé sont organisés sous l'angle de l'offre, plutôt que sous celui de la santé publique. L'une des recommandations est donc de faire de la planification à long terme, et certainement pour les pathologies les plus importantes: par exemple, où voulons-nous être en 2030 et 2040 en ce qui concerne le diabète? Dans le même ordre d'idées, notre pays a historiquement sous-investi pour maintenir les gens en bonne santé. La Suède consacre deux fois plus d'argent par habitant à la prévention. La santé n'est donc pas seulement la responsabilité du ministre de la Santé, mais aussi du ministre de l'Éducation, du ministre de l'Emploi, des communes, des clubs de sport et de loisirs,..."La structure étatique belge fait parfois obstacle à une telle approche, mais le Pr Annemans est convaincu qu'il existe des solutions. "Nous donnons l'exemple de la prévention des chutes chez les personnes âgées. Ce sont les Communautés qui en supportent le coût. La prévention réduit efficacement le risque de fracture de la hanche, or, les bénéfices sont pour le niveau fédéral. Le plus logique serait alors que le niveau fédéral contribue à la prévention des chutes, comme cela se fait déjà dans la collaboration bilatérale autour du dépistage."D'autres recommandations visent à obtenir des soins 'avec un coeur'. "Nous entendons par là un coeur pour le patient et une approche holistique de sa santé, mais aussi un coeur pour les prestataires de soins eux-mêmes. De nombreux prestataires de soins sont à bout. En partie avec la pandémie, les gens ont pris conscience que les soignants ne peuvent pas dispenser de bons soins s'ils ne se sentent pas bien eux-mêmes ; leur bien-être au travail est donc devenu une priorité", explique Lieven Annemans. Le rapport recommande également de rendre la profession de médecin généraliste plus attrayante, par exemple en réduisant la charge administrative. "Nous formulons également des recommandations sur le 'multistakeholder involvement'. Nous entendons par là qu'il y a encore trop de protectionnisme dans les soins de santé aujourd'hui ; chacun défend son petit territoire. Ce problème peut se résoudre par des soins plus intégrés, c'est-à-dire une plus grande collaboration, notamment entre la première ligne et les hôpitaux", poursuit Lieven Annemans. "Là encore, vous ne pouvez pas voir tout cela séparément du financement, qui, aujourd'hui encore, est principalement basé sur le paiement à l'acte, c-à-d sur les prestations. Car bien sûr, personne ne veut perdre de l'argent dans une réforme. Par exemple, s'il y a 30% de fractures de la hanche en moins grâce à la prévention des chutes, il faut trouver une solution pour le chirurgien spécialisé qui aura ainsi moins de travail. Cela peut se faire, par exemple, en commençant à mieux récompenser la collaboration et la qualité."Les expériences du Portugal montrent que les recommandations d'un PHSSR peuvent être efficacement traduites dans la pratique. Le Pr Annemans espère qu'il en sera de même en Belgique. "Un tel rapport n'est pas une fin en soi, mais un moyen d'améliorer les choses. Je trouverais dommage qu'il finisse dans un tiroir et qu'on n'en fasse rien. Mais en partie en raison de la pandémie de covid-19, le momentum est maintenant là. Le timing est également idéal: 2024 est une année électorale, et le rapport peut inspirer les projets politiques que les différents partis politiques élaboreront cette année."