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Pour renforcer les bienfaits importants de la première ligne, le CMG plaide pour que les médecins généralistes représentent à l'avenir, de manière constante, au moins 50% de la profession de médecins en Wallonie et à Bruxelles. Cinq conditions sont requises (lire couverture) pour y arriver et sont détaillées dans un document de huit pages réalisé en collaboration avec le Dr Anne-Laure Lenoir (ULiège)1. Néanmoins, ces conditions n'expliquent pas pourquoi le contingent de médecins devrait constituer 50% du nombre total de médecins en Belgique francophone. Afin de déterminer l'équilibre entre le nombre de médecins et les besoins en soins de la population belge, la Commission de planification utilise le modèle "stock-and-flow". Pour chaque paramètre repris dans le modèle de projection, le Groupe de travail médecins de la Commission de planification établit une hypothèse de base qui se situe dans la ligne des tendances historiques observées. La combinaison de ces paramètres débouche sur des résultats obtenus par projection qui devraient refléter l'évolution de la force de travail, à circonstances inchangées et à politique inchangée, pour la période 2016-2036. "Les résultats obtenus montrent qu'en Communauté flamande, le nombre absolu de médecins généralistes actifs dans les soins de santé devrait augmenter de manière constante entre 2016 et 2036 (de 6.907 à 8.510, ce qui équivaut à +23,21%). Cette augmentation ne devrait se traduire que partiellement par une augmentation du nombre d'ETP réalisé (+8,50%). Or, celle-ci ne serait pas suffisante pour suivre l'augmentation de la demande de soins de la population", analyse le CMG Dans le sud du pays, la situation est encore pire, puisque le CMG constate une diminution de la densité d'ETP par rapport à la demande de soins. "En Communauté française, le nombre absolu de médecins généralistes actifs dans les soins de santé devrait augmenter légèrement entre 2016 et 2036 (de 5.192 à 5.489, ce qui équivaut à +5,71%). Cette augmentation ne devrait pas se traduire par une augmentation du nombre d'ETP réalisée, mais par une diminution de -5,68%. Au vu de l'augmentation prévue de la demande (croissance et vieillissement de la population), cela signifie que la densité ETP pondérée évolue négativement entre 2016 et 2036 (-19,09%). Cette diminution de la densité ETP pondérée touche également de nombreuses autres spécialités, surtout en communauté française."Sans omettre que d'autres spécialités font aussi face à des besoins non couverts (gériatrie, santé mentale, médecine interne), le CMG rappelle qu'un système de santé avec des soins primaires forts a également un impact positif sur les deuxième et troisième lignes de soins entre autres grâce à une prise en charge précoce des problèmes de santé et une réduction des soins spécialisés inutiles. "De plus, la médecine générale est à risque de départs anticipés. Ainsi, une étude menée auprès de médecins généralistes diplômés entre 1999 et 2013 montrait que 21.5% des diplômés de médecine générale avaient quitté la profession en 2015" , écrit le CMG dans sa note. Ces départs anticipés s'expliquent de plusieurs manières: en réaction à la pratique, par fidélité à un choix de départ, par découverte d'une nouvelle voie, par souhait de mobilité. Parmi ces raisons, plusieurs étaient favorisées par le titre de médecin généraliste qui, par sa polyvalence, offre de nombreuses possibilités d'emplois et de fonctions. "Notons également qu'en plus des départs "complets", de nombreux diplômés en médecine générale partagent leur temps de travail entre la médecine générale et d'autres activités du système de santé (ONE, planning familial, centre spécialisés dans les assuétudes, coordination de MRS, etc.)"Pour conclure, le CMG estime qu'il faut retenir des leçons de la pandémie de Covid-19. "La médecine générale a été précieuse pour 'encaisser le choc' de la pandémie Covid. La réponse curative la plus efficace a finalement été de nature préventive (la vaccination). La deuxième ligne de soins, sans une première ligne agile et réactive, aurait eu encore plus de difficultés à gérer la crise. Voilà pourquoi le CMG plaide pour que les médecins généralistes représentent à l'avenir, de manière constante, au moins 50% de la profession de médecins en Wallonie et à Bruxelles."