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Au lendemain de la médico-mut du 30 janvier, le Dr Guy Delrée, président de la FAGW qui réunit tous les cercles wallons, responsables de la garde, est averti par téléphone que le tri du 1733 ne sera pas opérationnel le soir même ainsi que quatre autres nuits de février (dont deux le week-end). Cela dans toute la province de Luxembourg, l'arrondissement de Dinant et la province de Liège sauf Waremme. "Ceci est inédit depuis le début du tri 1733 en février 2012 et pose de véritables problèmes de sécurité dont la responsabilité incombe aux autorités", estime le médecin généraliste de Marche-en-Famenne. "Il est inconcevable de "fermer" le 1733 en week-end! Vous vous devez de trouver une solution", écrivait-il aux autorités fin janvier. "Par cette 'mise au rouge' vous mettez la sécurité de la population en danger. (...) Cette 'panne' ne fait que révéler le manque de considération des autorités fédérales pour les acteurs de ce service au public qu'est la garde de médecine générale. Comment voulez-vous que l'on s'y consacre encore?""Depuis dix ans, on nous promet des améliorations, depuis dix ans on nous annonce des engagements de préposés, une meilleure technologie,... Et aujourd'hui on ferme dans la journée par manque de personnel. Depuis plus de dix ans, le 1733 est à cheval entre deux SPF qui ne savent pas s'entendre, la Santé publique et l'Intérieur. Est-ce à la garde, la population et aux médecins, d'en faire les frais? La communication est bancale, la concertation n'existe pas et vous vous êtes même permis en novembre 2022 de nous enjoindre de mettre en place des solutions informatiques qu'il ne nous est pas possible de réaliser, sous peine de coupure du 1733. Nous vous l'avons dit: nous n'en avons pasles moyens et nous refusons de nous voir imposer un fonctionnement sans concertation préliminaire."Une concertation était prévue la semaine dernière entre toutes les autorités compétentes pour répondre aux gros problèmes que soulèvent les nouvelles modalités de fonctionnement du 1733. Ces nouvelles modalités sont entrées en vigueur ce 21 février. Mais leur mise en oeuvre est "inapplicable par bon nombre de PMG wallons car beaucoup d'entre eux n'ont eu ni le temps nécessaire ni, surtout, le financement adéquat pour se conformer aux nouvelles exigences de la circulaire de la DG Soins de santé du 21 novembre 2022 sur les conditions et fonctionnement du 1733", estime le GBO/Cartel. "La conséquence est qu'il peut y avoir des renvois de patients - car pour les consultations, il n'y aurait plus d'envoi de fiche 'xml' mais un envoi du patient vers le PMG de sa zone - vers un PMG qui pourrait être fermé, tous les PMG n'étant pas ouverts 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Il n'y a d'ailleurs aucune obligation de financer un PMG les soirs et nuits de semaine. Beaucoup de PMG wallons devraient de ce fait revenir à la phase I. Un tel retour en arrière serait évidemment plus que regrettable."Ce que confirme le Dr Delrée. "Le dossier est loin d'être clôturé. Nous avons rencontré le cabinet Vandenbroucke qui nous a confirmé que les deux ministres (de la Santé et de l'Intérieur, NdlR) étaient en discussion au sujet de la circulaire. Mais je n'ai pas le résultat de cette discussion. Je m'interroge sur le fait de savoir si les intéressés ont bien mesuré les conséquences de leurs atermoiements. Je trouve que les revendications sont légitimes, mais les moyens mis en oeuvre ne sont pas en adéquation avec les attentes de la population. Les choses évoluent positivement, mais cela ne se résoudra pas en un claquement de doigts.""Il faut distinguer deux problèmes qui ont la même origine: le manque de personnel. D'abord les problèmes de nouvelle circulaire 1733. Il faut trouver du personnel pour lire les fiches xml. Il y a une piste de solution: faire appel à des call centers qui peuvent faire ce travail. Il y a un accord de principe avec le cabinet Vandenbroucke pour que l'Inami finance cela à travers les PMG. Mais nous voulons un accord écrit. Cela prendra du temps, mais c'est en voie de résolution donc. Autre point: le 1733 se réserve le droit d'envoyer des patients sans envoyer de fiches xml, sans informations donc. Il n'y a pas de tri, et dans ce cas, le 1733 ne sert à rien. On ne pourra plus fonctionner sur rendez-vous, ce qui garantit pourtant une qualité de soins, de gérer les pics de fréquentation. Les locaux des PMG ne sont pas prévus pour faire du sans rendez-vous", explique Guy Delrée. "Ensuite, il y a les mises au rouge, qui constituent le plus grand problème. C'est récurent, brutal, impromptu et labile. Le 1733 peut fonctionner et d'un coup ne plus fonctionner... Il y a également des 'faux verts' lorsque le 1733 ne fonctionne qu'avec un seul préposé et une liste d'attente qui peut compter plusieurs dizaines de patients. À cela s'ajoute un manque de concertation: nous ne sommes conviés à aucune réunion de gestion de crise. Un dernier point très important: le répondeur du 1733 ne renseigne que pour une consultation, il faut se rendre au PMG. Pour une visite, il faut appeler le 112. Le 112 envoie alors une ambulance. Ce week-end, des médecins étaient présents dans les PMG luxembourgeois et ont traité des maux de gorge à toute heure de la nuit - ce que les médecins ne voulaient pas - et il y avait des patients qui avaient réellement besoin d'eux en MRS. Et là, au lieu d'envoyer le généraliste qui est présent pour ça, le 112 envoie une ambulance. Il faut faire l'inverse! C'est faire subir de la maltraitance aux personnes âgées qui ont en plus dû payer le transport en ambulance...", dénonce le Dr Delrée. "On navigue à vue. Il n'y a pas d'anticipation.""Les rumeurs font état que le problème serait résolu d'ici le 1er mars avec l'engagement de 12 préposés au 1733, qui ne seraient pas forcément opérationnels de suite...Nous aimerions savoir de quoi il en retourne réellement" conclut le président du FAGW.