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Dyslipémies: un besoin encore et toujours insatisfait Avec les progrès des thérapies antirétrovirales enregistrés au cours de cette dernière décennie, on constate un shift paradoxal des causes de décès chez les patients séropositifs lesquels ne meurent plus tant de l'infection par le VIH mais sont majoritairement victimes des multiples comorbidités qu'ils présentent souvent de façon plus précoce que la population générale. Au premier rang de ces comorbidités, on retrouve les maladies cardiovasculaires dont le risque est plus élevé chez ces patients non seulement à cause de facteurs propres à l'infection par le VIH (inflammation chronique, dérégulation immunitaire ou anomalies métaboliques associées aux traitements antirétroviraux) mais aussi du fait d'une surreprésentation de certains facteurs risques cardiovasculaires traditionnels tels que les dyslipémies ou le tabagisme.Ainsi, les directives américaines sur la gestion du cholestérol et européennes sur la gestion des dyslipémies ont classé le VIH comme facteur de risque des maladies cardiovasculaires athéroscléreuses. Des études antérieures ont montré que le traitement des dyslipémies avec une monothérapie par statines est plus complexe, difficile et globalement moins efficace en raison, notamment, des interactions médicamenteuses. Par conséquent, la prise en charge des troubles lipidiques chez les patients séropositifs demeure un besoin insatisfait. Mais, un espoir est né avec l'arrivée de nouvelles classes d'hypolipémiants dont les inhibiteurs PCSK9. D'où l'intérêt pour les résultats de l'étude BEIJERINCK qui évalue l'efficacité et la sécurité d'emploi de l'évolocumab chez des patients vivant avec le VIH.Etude BEIJERINCK: 52 semaines de suivi La publication de la revue AIDS concerne l'analyse finale de cette étude internationale, multicentrique, de phase 3, réalisée en double aveugle et contrôlée par placebo qui évalue l'effet de l'évolocumab 420mg, administré, 1X/mois, par voie sous-cutanée, sur le taux de LDL-cholestérol durant la période ouverte de l'étude (S24 à S52) après les 24 semaines de la phase en double aveugle. Tous les participants inclus avaient un taux élevé en LDL-cholestérol ou en cholestérol non-HDL et étaient sous statines à la dose maximale tolérée et traitement antirétroviral (charge virale indétectable depuis 6 mois au moins).Sur les 457 participants randomisés durant la période en double aveugle, 96,6% ont reçu au moins une dose d'évolocumab 420mg pendant cette phase ouverte (âge moyen de 56 ans, 82,5% d'hommes, durée moyenne de 17,5 ans depuis diagnostic du VIH). A la fin de la phase ouverte, soit 52 semaines après initiation de l'étude, on observe une diminution de 57,8% du LDL-cholestérol depuis la S1. L'évolocumab a également réduit les taux de triglycérides, le cholestérol non-HDL, l'apoB, le cholestérol total, le VLDL-cholestérol, et augmenté le HDL-cholestérol. Les effets secondaires étaient similaires dans les deux groupes au cours de la période ouverte.En conclusion, l'administration sur le long terme de l'évolocumab a abaissé le LDL-cholestérol et le cholestérol non-HDL permettant à d'avantage de patients séropositifs d'atteindre les objectifs lipidiques recommandés sans effets secondaires graves.Réf: Boccara F. et al. AIDS 2022;36(5):675-682.