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La thérapie duale associant dolutégravir et lamivudine est actuellement recommandée comme option de switch pour les patients séropositifs expérimentés et à charge virale indétectable mais à condition qu'elles n'aient ni antécédents d'échecs virologiques, ni résistance historique ou actuelle au dolutégravir ou à la lamivudine, une situation qui ne concerne que, grosso modo, 20% des patients comme le rappelait le Dr Gary Blick, investigateur principal de l'étude SOLAR-3D, lors de sa présentation des résultats à Brisbane. Et les 80% restants, ceux qui ont présentés par le passé un ou plusieurs échecs virologiques et ceux qui ont une mutation historique ou actuelle M184V/I sont-ils définitivement exclus de cette avancée thérapeutique que constituent les thérapies duales ? C'est pour répondre à cette question que lui et ses équipes ont mis sur pied l'étude SOLAR-3D.Des patients au lourd passé virologique SOLAR-3D a recruté au total 100 personnes réparties en deux groupes, l'un de 50 personnes ayant des antécédents historiques ou actuels de mutation de résistance M184V/I et l'autre de 50 personnes sans aucun antécédent de résistance M184V/I. Le fait d'avoir présenté, par le passé, des rebonds virologiques au-delà de 200 copies ou le fait de n'avoir jamais eu de charge indétectable (< 50 copies) ne constituait pas un critère d'exclusion pour cet essai. Les participants ont été suivis durant 96 semaines et le critère principal d'évaluation était le taux de patients présentant une charges virale supérieure à 50 copies/ml aux semaines 48 et 96. L' âge médian des patients était de 58 ans et 15 % étaient des femmes. Ces patients étaient hautement expérimentés puisqu'ils avaient suivi, en moyenne, 7 régimes antirétroviraux différents sur une période médiane de 22 ans. Au moment de l'inclusion, les patients présentaient une charge virale indétectable depuis 11 ans en moyenne. Notons enfin que les participants porteurs de la mutation M184V/I étaient significativement plus âgés, vivaient depuis plus longtemps avec le VIH, prenaient davantage de molécules antirétrovirales et avaient des durées plus longues de traitement antirétroviral et de suppression virale. La majorité (73 %) des participants prenaient de la lamivudine ou de l'emtricitabine au moment du switch. Les traitements les plus fréquents avant switch étaient, soit dolutégravir/abacavir/lamivudine (51 %), soit dolutégravir/rilpivirine (21 %).Pas d'impact sur l'efficacité virologiqueAprès 96 semaines de suivi, 4 % des participants présentant une mutation M184V/I antérieure et 2 % de ceux qui n'en avaient pas présentaient une charge virale supérieure à 50 copies/ml en analyse ITT. Toujours en analyse ITT, le taux de patients à charge virale indétectable était de 84% dans le groupe avec mutation et de 88% dans le groupe sans mutation, une différence qui n'est pas statistiquement significative. En analyse PP, ce taux monte à 95,5% pour le groupe "mutation" vs 97,8%. Il n'y a eu aucun interruption thérapeutique en raison d'un échec virologique confirmé (charge virale > 50 copies/ml suivie d'une charge virale > 200 copies/ml) à la semaine 96. L'incidence des blips (charge virale > 50 copies/ml mais < 200 copies/ml avec une suppression ultérieure < 50 copies/ml) ne différait pas entre les groupes. En conclusion, cette essai, la plus grande étude prospective évaluant un switch vers dolutégravir/lamivudine chez des personnes présentant une mutation M184V/I, montre que des antécédents ou la présence actuelle de M184V/I n'a pas d'impact sur l'efficacité virologique en cas de switch chez des patients séropositifs, expérimentés et stables ayant présenté des échecs virologiques par le passé.Réf: Blick G. et al. abstract OAB0202, IAS 2023, Brisbane.