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VIH, grossesse et HTA: enfin une étude d'envergureEnviron 8 à 10 % des grossesses sont compliquées par le développement d'une pression artérielle élevée avec, pour conséquence, une croissance foetale sous-optimale puisque moins d'oxygène est transféré à travers le placenta. Le trouble de la pression artérielle le plus grave, la pré-éclampsie, peut entraîner une naissance prématurée, un enfant mort-né ou, chez la parturiente, une éclampsie aux conséquences parfois dramatiques suite au développement d' une insuffisance rénale ou hépatique. Le système immunitaire joue un rôle dans le développement des troubles de la tension artérielle durant la grossesse et il existe certaines preuves qu'en réduisant l'immunosuppression et l'inflammation liée au VIH, le traitement antirétroviral peut réduire le risque de ces troubles de la tension artérielle. Cependant, les études disponibles sont de petite envergure et le plus souvent contradictoires. Pour clarifier le risque de troubles de la tension artérielle durant la grossesse chez les femmes vivant avec le VIH, des investigateurs d'Afrique du Sud et des États-Unis ont examiné l'incidence de nouveaux troubles de la tension artérielle au cours de 180 533 grossesses intervenu en 2018 et 2019. Un nouveau trouble de la pression artérielle durant la grossesse a été défini comme un trouble survenu à partir de la 20e semaine de gestation. Les troubles pris en compte comprenaient une hypertension artérielle transitoire, une hypertension artérielle pendant la grossesse ou une pré-éclampsie (y compris le développement d'une pré-éclampsie en cas d'hypertension préexistante).Impact positif du traitement antirétroviral sur les troubles tensionnels de la grossesseDes multiples et intéressants résultats issus de cette étude, on en retiendra 3 parmi les plus marquants et importants pour la pratique quotidienne:1) Un nouveau trouble tensionnel a été diagnostiqué dans 7,6 % des grossesses prises en compte lors de l'étude. Un peu moins d'une parturiente sur cinq (19 %) avait un diagnostic préexistant d'hypertension artérielle. L'incidence d'un nouveau trouble de la tension artérielle était la plus élevée chez les femmes séropositives ne suivant pas de traitement antirétroviral (9,8 %) et la plus faible chez les femmes ayant commencé un traitement antirétroviral avant la conception (6,9 %). Chez les femmes séronégatives, l'incidence était de 7,7 %.2) Le trouble tensionnel le plus fréquent était la pré-éclampsie diagnostiquée dans près de la moitié de toutes les grossesses à problème (47%). La pré-éclampsie est survenue plus souvent chez les femmes séropositives ne suivant pas de traitement antirétroviral ou chez celles qui ont commencé ce traitement durant la grossesse et moins souvent chez les femmes séropositives sous traitement antirétroviral dès avant la conception.3) Comparativement aux femmes séronégatives, la prévalence des nouveaux troubles de la pression artérielle était inférieure de 10 % chez les femmes séropositives qui suivaient un traitement antirétroviral avant la conception et de 8 % chez celles qui avaient commencé ce traitement durant la grossesse. Après ajustement pour les facteurs liés à la mère et à la grossesse, la prévalence d'un trouble de la tension artérielle était de 22 % inférieure chez celles qui avaient commencé le traitement antirétroviral avant la conception, de 17 % inférieure chez celles qui avaient commencé le traitement pendant la grossesse et de 17 % supérieure chez celles qui ne suivaient pas de traitement antirétroviral par rapport à femmes sans VIH.Les données issues de cette étude, de loin la plus grande enquête sur la relation entre traitement antirétroviral et nouveaux troubles de la pression artérielle durant la grossesse, devraient encourager de nouveaux efforts pour diagnostiquer le VIH chez les femmes et initier un traitement antirétroviral bien avant la conception.Réf: Slogrove A. et al. AIDS, publication en ligne 08/02/2023