IST : études cliniques et expériences en vie réelle confirment l'efficacité de la doxyPEP

L'étude DoxyPEP a recruté 500 hommes, gais et bisexuels, ainsi que des femmes transgenres vivant avec le VIH ou sous PrEP à San Francisco et à Seattle. Après l'arrêt prématuré de l'étude randomisée en raison de la grande efficacité de la doxyPEP contre la chlamydia et la syphilis, tous les participants à l'étude ont été informés des résultats et se sont vus proposer la doxyPEP en mode ouvert. La Pr Annie Luetkemeyer (University of California, San Francisco) a indiqué que durant la phase randomisée, 12 % des personnes sous doxyPEP avaient contracté une IST, par rapport à 31 % des personnes du groupe de soins classiques. Lors de la phase d'extension ouverte [1] au cours de laquelle tous les patients ont pris la doxyPEP, les taux d'IST étaient respectivement de 13 % pour le groupe qui a continué la prise de doxycycline et de 17 % pour le groupe qui s'est vu offrir le traitement en phase ouverte. La forte baisse de l'incidence des IST chez les personnes qui suivaient le traitement s'est produite alors même que leur nombre de partenaires sexuels et d'actes sexuels sans préservatif avait doublé à court terme.En octobre 2022, San Francisco a été la première ville à recommander la doxyPEP pour les hommes gais et bisexuels et les personnes transgenres. Le Dr Hyman Scott [2] a présenté les premiers résultats du centre de référence VIH Magnet de la San Francisco AIDS Foundation où la doxyPEP a été proposée à environ 3.000 utilisateurs actifs de la PrEP. Parmi les personnes qui ont initié la doxyPEP, l'incidence générale des IST a chuté de 18 % à 8 %, soit un recul de 58 %. Cette réduction était plus importante pour les infections à chlamydia (- 67 %) et la syphilis précoce (- 78 %) que pour la gonorrhée (une baisse de 11 % est observée, qui n'était pas statistiquement significative). Une autre étude présentée par le Dr Oliver Bacon et ses collègues [3] concerne les données préliminaires provenant de City Clinic, la principale clinique de référence VIH de San Francisco. Ils ont comparé l'incidence des IST avant (novembre 2021 à novembre 2022) et après (novembre 2022 à novembre 2023) la publication des directives sur la doxyPEP. Le recours à la doxyPEP était élevé parmi les hommes gais et les femmes transgenres sous PrEP et, chez ces personnes, on constate que la sérologie positive de la chlamydia et de la syphilis précoce a diminué de manière significative. En effet, les tests de dépistage positifs pour la chlamydia ont décliné de 90 % et les tests de dépistage positifs de la syphilis précoce de 56 %.L'épidémiologiste Madeline Sankaran [4] et ses collègues ont, pour leur part, évalué l'impact de la doxyPEP différemment, en examinant les variations de l'incidence des IST au niveau de la population. Les chercheurs ont surveillé le nombre de personnes initiant la doxyPEP dans trois cliniques de référence VIH à forte fréquentation, ainsi que les cas mensuels de chlamydia, de gonorrhée et de syphilis précoce avant (de juillet 2021 à octobre 2022) et après (de novembre 2022 à novembre 2023) la publication des directives de la ville. Plus de 3.700 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des femmes transgenres ont commencé la doxyPEP dans les trois cliniques avant la fin de l'année 2023. À l'échelle de la ville, les cas de chlamydia au sein de cette population ont diminué de 7 % par mois, soit une baisse totale de 50 % par rapport aux niveaux attendus. La syphilis précoce a diminué de 3 % par mois, représentant une baisse totale de 51 %. Il n'y a pas eu de changement significatif concernant le nombre de cas de gonorrhée.Considérées ensemble, ces différentes études démontrent que la doxyPEP constitue bien une intervention efficace pour réduire le nombre de nouveaux cas de chlamydia et de syphilis. Par contre, ces mêmes études montrent bien que la doxyPEP est beaucoup moins efficace, voire pas du tout, face à la gonorrhée.Réf : [1] Luetkemeyer A. et al. Abstract 125, CROI 2024, Denver[2] Scott H. et al. Abstract 126, CROI 2024, Denver [3] Bacon O. et al. Abstract 1151, CROI 2024, Denver [4] Sankaran M. et al. Abstract 127, CROI 2024, Denver.